Journées de randonnée, week-ends ou vacances, ce type de voyages organisés contribue à dynamiser le tourisme local. En basse saison, ces activités affichent complet, apportant un soutien précieux au ministère, qui vise à désaisonnaliser le tourisme national.
“Habituer”. Le terme revient souvent chez les tour-opérateurs. Pour eux, il s’agit d’une stratégie qui consiste à inciter la population malgache à partir en vacances, à s’évader le temps d’un week-end, ou du moins à quitter la capitale. Il est vrai qu’il y a cinq ans, le tourisme local a été promu par l’Etat malgache pour compenser la fermeture des frontières. Une situation qui a redéfini le secteur à Madagascar. Les tour-opérateurs ont misé sur des stratégies axées sur le tourisme local, qu’ils continuent d’appliquer aujourd’hui. Toutefois, selon leurs témoignages, des efforts restent à faire : les Malgaches doivent encore être « habitués » à voyager.
Parmi les stratégies visant à “habituer” les Malgaches à voyager, on retrouve les journées de randonnée, les excursions et les week-ends organisés. “En raison de restrictions budgétaires, les vacances ne figurent pas toujours au programme de nombreuses familles malgaches. En revanche, les voyageurs internationaux adoptent facilement cette formule, ce qui est une bonne chose. Pour les familles malgaches, nous proposons des offres adaptées, comme des journées de randonnée ou des week-ends à des prix abordables, entre 50.000 et 80.000 ariary par personne. Le taux de motivation pour les vacances reste encore faible”, explique Rojo Ratsimba, responsable du service tourisme chez Aventour Madagascar.
“Les journées de randonnée et les week-ends sont plus abordables, mais ils permettent aussi aux locaux de découvrir la beauté du pays”, explique Tamby Manoisoa Odyn Raharimanana, responsable au sein d’un tour-opérateur. Chaque week-end, son entreprise organise une sortie, sollicitée aussi bien par des familles que par des entreprises. “Au départ, nous avons dû mener une grande campagne de promotion. Aujourd’hui, nous constatons que les gens s’habituent à cette formule et nous contactent spontanément pour savoir si nous organisons des voyages, car ils souhaitent explorer de nouvelles destinations”, ajoute-t-il.
On observe également un engouement pour la location de villas, dont les tarifs varient entre 120.000 et 300.000 ariary la nuit, en fonction de leur état, de la présence d’une piscine, de la vue ou encore de l’emplacement. Cette option est particulièrement prisée par les familles et les groupes d’amis. Parmi les destinations de week-end les plus populaires auprès des touristes locaux, Ampefy et Mandraka arrivent en tête. Pour des vacances, généralement entre six et huit jours, Nosy Be ainsi que le Sud, avec des villes comme Fort Dauphin et Toliara, figurent parmi les choix privilégiés.
Ces offres accessibles, mises en place par les tour-opérateurs, s’inscrivent dans la stratégie du ministère visant à désaisonnaliser le tourisme local. Selon les professionnels du secteur, elles permettent de compenser le manque de clients en basse saison, notamment entre janvier et février, période cyclonique. Leur succès repose en grande partie sur leur prix abordable. Rojo Ratsimba explique que “les familles préfèrent économiser de l’argent pour les grandes vacances et les périodes de fêtes comme Pâques”, et c’est à ce moment justement que les tours opérateurs proposent ces formules abordables.
Les voyages organisés pour les vacances varient entre 500.000 et 2 millions d’ariary par personne. Même en basse saison, les touristes internationaux restent fidèles à cette formule. “Les internationaux voyagent régulièrement, mais ce n’est pas encore le cas des nationaux”, constate Rojo Ratsimba. Dans le cadre de la désaisonnalisation du tourisme, les hôtels, conscients de cette dynamique, proposent des tarifs spéciaux à certaines périodes. Cela permet aux tour-opérateurs d’adapter leurs offres et d’attirer davantage de clients. La dynamique s’amorce, mais il reste encore du chemin à parcourir.
Nambinina Jaozara