L’euro a franchi, une nouvelle fois, le seuil symbolique des 5.000 ariary sur le marché interbancaire des devises (Mid). Hier, la monnaie européenne s’échangeait à 5.001, 53 ariary. Un niveau qui reflète une tendance récurrente à l’approche des fêtes, période marquée par une forte demande en devises étrangères.
Cette envolée de l’euro n’est pas une surprise pour les économistes. Elle s’explique notamment par un déséquilibre structurel entre importations et exportations. Madagascar continue d’importer massivement des produits stratégiques tels que le carburant, les denrées de première nécessité ou les biens manufacturés. En revanche, ses exportations restent limitées à quelques matières premières non transformées comme la vanille, le litchi, le café et des minéraux, avec une part modeste de produits finis, notamment dans le textile.
Ce déséquilibre crée une pression continue sur les réserves de devises du pays. La baisse de l’ariary est ainsi alimentée par une offre insuffisante face à une demande croissante en devises étrangères.
A cela s’ajoutent les fluctuations des monnaies sur le marché international, sur lesquelles Madagascar n’a aucune prise. « La valeur de l’euro à l’échelle mondiale influence directement notre taux de change », explique un économiste de l’Université d’Antananarivo.
La dépréciation actuelle n’est pas inédite. En 2022 et 2024, l’ariary avait déjà atteint des seuils historiques face aux principales devises du Mid. Malgré quelques périodes d’accalmie, la tendance reste globalement à la baisse.
Si certains observateurs considèrent ce phénomène comme temporaire et saisonnier, les impacts sur l’économie nationale sont bien réels. La montée de l’euro renforce la perception d’une fragilité persistante de la monnaie locale et accentue les vulnérabilités structurelles de l’économie malgache.
Arh.