Echanges commerciaux avec les Etats-Unis: les entreprises franches malgaches en danger face aux surtaxes

L’imposition par les Etats-Unis d’un droit de douane de 47% sur les exportations malgaches menace gravement l’avenir des entreprises franches. La présidente du Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP), Béatrice Chan Chin Yiu, tire la sonnette d’alarme : des licenciements et
des mises au chômage technique sont inévitables. « Ces entreprises ne pourront plus embaucher », déplore-t-elle.

Cette décision d’appliquer un nouveau régime douanier s’inscrit dans une nouvelle politique commerciale américaine, qui prévoit des hausses de droits de douane jusqu’à 50% pour tous les pays. Madagascar n’échappe pas à la règle. Une situation jugée dramatique, alors que « les exportations vers les Etats-Unis ont atteint 600 millions de dollars l’an dernier, contre seulement 53 mil­lions d’importations », comme l’a rapporté le ministre de l’Industrialisation et du com­­merce, David Ralam­bofi­ringa, lors de la séance d’information à huis clos consacrée à cette nouvelle mesure tarifaire, qui s’est tenue hier dans les locaux du ministère des Affaires étrangères à Antananarivo. « Le déséquilibre pourrait se creuser si les exportateurs malgaches perdent en compétitivité », a-t-il signifié.
La présidente du GEFP, Béatrice Chan Chin Yiu, tire la sonnette d’alarme : la surtaxe de 47% imposée par les Etats-Unis sur les exportations malgaches menace gravement les entreprises franches. Selon elle, des licenciements et des mises au chômage technique sont inévitables. « Les recrutements sont d’ores et déjà suspendus », prévient-elle. Le ministre David Ralambofiringa, s’inquiète des répercussions sur les prix à la consommation aux Etats-Unis. Il appelle à une mobilisation des partenaires américains pour soutenir les négociations en cours avec l’administration Trump. L’objectif : infléchir les nouvelles règles tarifaires.

Stratégies à court, moyen et long terme

Face à l’urgence, le gouvernement malgache a lancé une série d’actions. Dans le compte rendu de cette réunion à huis clos, il est annoncé que « Des discussions bilatérales sont en cours avec les Etats-Unis pour tenter de comprendre les motivations de cette décision et préserver les acquis commerciaux, notamment ceux liés à la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa) ». En parallèle, Madagascar coordonne ses efforts avec d’autres pays africains également touchés, pour bâtir une réponse régionale.
Les autorités malgaches préparent aussi une stratégie nationale de riposte. « A court, moyen et long terme, il s’agira de renforcer la résilience économique du pays : diversification des débouchés, valorisation des chaînes de production, et promotion de Madagascar comme plateforme industrielle à l’échelle du continent », rapporte-t-on.
Cette crise douanière montre une nouvelle fois la fragilité du tissu industriel malgache, fortement dépendant des marchés extérieurs. La mobilisation rapide du gouvernement et du secteur privé devrait dans ce sens permettre de limiter les dégâts sociaux et économiques. Mais pour les entreprises franches, la survie passera aussi par une refonte de leur modèle d’exportation.

Arh.

Le textile constitue un des secteurs porteurs de l’économie malgache, représentant 19,4% du PIB et employant plus de 400.000 personnes. Madagascar a exporté pour 406 mil­lions de dollars US de vêtements vers les Etats-Unis en 2022, essentiellement grâce à l’Agoa. Cette loi promulguée par les Etats-Unis en 2000, rappelons-le, a aboli les droits d’importation aux Etats-Unis sur plus de 6.800 produits fabriqués dans les pays d’Afrique subsaharienne. Plus de 31 pays font partie de cet accord commercial qui doit en théorie courir jusqu’en septembre 2025.
Les principales exportations de Madagascar vers les Etats-Unis comprennent l’habillement, la vanille, le titane, le cobalt et le nickel, qui représentent ensemble environ 15% des exportations totales du pays. « Les Etats-Unis se classent au deuxième rang des principaux marchés d’exportation de Madagascar, le total des échanges de biens entre les deux nations atteignant 786,6 millions de dollars en 2024 », comme le rapporte l’« Office of the U.S. Trade Representative ». Les exportations américaines vers Madagascar ont totalisé 53,4 millions de dollars, soit une baisse de 13,2% (8,1 millions de dollars) par rapport à 2023, tandis que les importations en provenance de Madagascar ont augmenté de 1,7% pour atteindre 733,2 millions de dollars (12,0 millions de dollars). Le déficit commercial des Etats-Unis avec Madagascar a augmenté de 3,1% pour atteindre 679,8 millions de dollars.
L’augmentation des droits de douane touche 51 des 54 pays du continent. Selon le ministère américain du Com­merce, les nouveaux taux varient entre 10% et 50%. Le Lesotho est particulièrement frappé, avec une taxation maximale de 50%, suivi de Madagascar, dont les exportations seront imposées à 47% contre 10 à 15% auparavant. L’Afrique du Sud et l’Algérie verront leurs biens taxés à 30%, tandis que les produits agricoles ivoiriens subiront un prélèvement de 21%. Le Nigeria, de son côté, est soumis à un taux de 14%. Moins impactés, la République démocratique du Congo et le Cameroun voient leurs exportations taxées à 11%.

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