Le Grand Sud malgache, une destination touristique à part entière, a du mal à faire valoir ses atouts. La fréquentation est en baisse. Et pour cause, la dégradation de la route nationale n°7 reliant Antananarivo à Toliara et l’irrégularité des vols domestiques. Tovo Ratsimbarison, responsable de l’établissement hôtelier La Mira, situé à Madiorano, à une trentaine de kilomètres au Nord de Toliara, tire la sonnette d’alarme. Interview !
* Les Nouvelles : Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans la promotion du tourisme dans le Sud ?
– Tovo Ratsimbarison : Le mauvais état de la RN7 est l’un des plus gros problèmes. Il faut au moins 24 heures de route pour faire le trajet entre Antananarivo-Toliara en deux étapes. Soit 12 heures pour relier Antananarivo à Fianarantsoa et 12 autres heures entre Fianarantsoa et Toliara. C’est exténuant, surtout que des personnes âgées composent la majorité de nos clients.
* Cette situation a-t-elle un impact direct sur le taux de fréquentation touristique ?
– Sans conteste car le nombre de visiteurs a chuté d’au moins 40 % selon nos constats. Les touristes redoutent ce long trajet. A cela s’ajoutent les annulations fréquentes des vols domestiques. Tout cela crée une incertitude et décourage les voyageurs.
* Pourtant, la destination Sud est réputée…
– C’est une destination très prisée ! Le massif de l’Isalo, Ranomafana, Ambatomilo… ce sont des lieux uniques, avec un potentiel immense. Mais malgré cette richesse, la mauvaise accessibilité handicape la promotion effective du tourisme. Certains tours opérateurs envisagent même de supprimer le Sud dans leur circuit.
* Quelles solutions adoptez-vous pour faire face à la situation ?
– Quelques agences s’adaptent. Elles proposent aux touristes de prendre un vol direct vers Toliara, en provenance d’Antananarivo, avant de commencer le circuit par le Sud. Cela évite le stress au retour vers la capitale. Mais cette option reste coûteuse pour certains visiteurs.
* Quelle est la saison touristique la plus active dans le Sud ?
– La meilleure période va d’avril à novembre. Depuis deux ans, de plus en plus de Malgaches choisissent aussi le Sud pour leurs vacances, notamment en juillet-août. Pendant cette période, 95 % de notre clientèle est constituée par des touristes locaux.
* Qu’attendez-vous de l’Etat ?
– Il est urgent de réhabiliter la RN7. Madagascar ne se résume pas à Nosy Be. Le Grand Sud mérite aussi une place centrale dans la stratégie touristique nationale. Il en va de la survie de tout un pan de l’économie locale. Nous avons déjà des réservations pour 2026, mais si rien ne change, elles risquent d’être annulées. Pour dire que le Sud regorge de trésors naturels. Ce serait dommage que ces sites restent inaccessibles à cause d’une route délabrée. Nous demandons aux autorités d’agir, avant qu’il ne soit trop tard.
Propos recueillis par Arh.
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