Le 5e sommet de la COI s’est achevé sur une note d’espoir et d’engagement, hier au CCI Ivato, en faveur de la « Sécurité et souveraineté alimentaires pour le développement du marché de l’Indianocéanie », au profit de 34 millions d’îliens.
Les dirigeants de l’Union des Comores, de la France, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles, ont affiché leur ambition commune, de transformer la région de l’océan Indien, en marché intégré, sûr et résilient, avec l’accent mis sur quatre priorités : nourrir les populations, protéger l’environnement, sécuriser les mers et placer l’humain au centre.
En somme, le Sommet s’appuie sur les conclusions de la conférence ministérielle du 21 mars dernier à Antananarivo. Les dirigeants ont entériné le Programme régional de sécurité alimentaire et de nutrition (Presan), dans l’objectif d’inverser la dépendance aux importations, réduire la malnutrition et créer des emplois verts.
Pour ce faire, chaque Etat intégrera le Presan dans ses politiques agricoles et mobilisera des financements publics et privés pour booster la production locale. En même temps, les gouvernements investiront dans la formation initiale et continue des agriculteurs, pour assurer le renouvellement des générations. Ports, routes et entrepôts réfrigérés seront mis à niveau afin de fluidifier les échanges interrégionaux et respecter les normes sanitaires. Des campagnes d’éducation et de santé publique seront menées pour lutter contre les carences alimentaires.
Fonds vert
Comme le Fonds vert pour le climat (FVC) a validé l’accréditation de la COI, à l’occasion du 39e Conseil d’administration en Corée du Sud, la Commission peut proposer des projets d’adaptation et d’atténuation, allant jusqu’à 50 millions de dollars. Dans cette démarche, les chefs d’Etat saluent les efforts liés à l’économie bleue et circulaire déjà engagés, notamment la collecte et la valorisation des déchets plastiques. Ils appellent les partenaires et observateurs à soutenir le Plan d’action régional sur l’économie bleue (PAREB).
Et la prochaine étape sera de défendre la voix des îles vulnérables et promouvoir les sciences marines, lors de la 3ᵉ Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice (France), au mois de juin.
Mers sûres, croissance assurée
La sécurité maritime reste la clef de voûte du commerce régional, considérée comme un aspect crucial dans le contexte d’améliorer les échanges maritimes. A ce sujet, les dirigeants félicitent Madagascar et les Seychelles, qui ont chacun hébergé un Centre régional de fusion de l’information maritime et du Centre de coordination des opérations. Maurice, de son côté, continuera d’accueillir les conférences ministérielles de haut niveau.
Dans ce registre, un nouveau Cadre régional de protection des câbles sous-marins vient renforcer la résilience numérique. Les Etats s’engagent également à consolider le Plan régional de surveillance des pêches, pour combattre la pêche illégale.
Capital humain
Le réseau SEGA – One Health évolue vers un Centre de contrôle des maladies de l’océan Indien (CDC‑OI). La COI pose ainsi comme objectif d’anticiper les pandémies à l’interface Homme-Animal-Environnement.
L’égalité femmes‑hommes et l’inclusion des jeunes deviennent également des axes transversaux, pour le sommet de la COI. La Réunion organisera en septembre prochain la première Conférence des femmes de l’océan Indien et d’Afrique australe. Les dirigeants encouragent aussi la sauvegarde du patrimoine culturel et la structuration des filières créatives, sources d’emplois et de cohésion sociale. Enfin, ils appellent à créer un bassin de mobilité professionnelle dans la région.
Institution : moderniser pour mieux agir
Quarante ans après sa création, la COI veut mettre les bouchées doubles. Les chefs d’Etat invitent les parlements à ratifier l’Accord de Victoria révisé, étape finale de la réforme institutionnelle. Ils chargent le Secrétariat général de consolider le dialogue avec bailleurs et observateurs pour concrétiser le Plan de développement stratégique 2023‑2033.
En clôture, le président malgache Andry Rajoelina, hôte du Sommet, et son homologue comorien Azali Assoumani, président en exercice, ont martelé que « la COI doit devenir un espace de solidarité renforcée, de résilience partagée et d’innovation ».
Avec ce pacte, les cinq îles entendent faire de l’Indianocéanie un laboratoire de sécurité alimentaire, de croissance bleue et de coopération Sud‑Sud. Les prochaines années diront si ces engagements se traduiront en résultats concrets pour les 34 millions d’habitants de la région.
Arh.