Apparemment la fièvre électorale n’était pas que pour les politiques, l’église vient de montrer, encore une fois, qu’il faut aussi compter sur elle. Ce qui n’est a priori pas une mauvaise chose si cela devait contribuer à un débat utile et que les citoyens en quête de salut peuvent y trouver du chemin à emprunter. Toujours est-il que ce n’est visiblement pas encore le cas. Comme en témoigne l’homélie du vice-président de l’église réformée, dimanche dernier, à Antsonjombe, qui, loin d’apporter ce salut, va au contraire, attiser, et dans une large mesure, un sentiment de frustration qui anime déjà les relations des citoyens entre l’église et le pouvoir politique.
Et pour cause, les interventions ont dépassé largement les limites de ce que devrait faire un responsable d’église dans de pareilles circonstances. Certes, les hommes d’église, comme tout citoyen, ont leurs préférences pour telle ou telle personnalité, une obédience par rapport à telle ou telle idée, mais il n’en demeure pas moins qu’il reste un homme d’église. Et dans de telle fonction, il existe quand même une barrière à respecter. Cet « incident », si c’en était un, remet d’ailleurs, malheureusement au premier plan le contexte politique de 2002 à 2009 où l’église réformée a été au centre de la politique « pure » car le président de l’époque a jonglé entre ses responsabilités au sommet de l’Etat et au sein de l’église. Beaucoup de leçons ont dû être apprises à l’époque et l’église réformée en a d’ailleurs souffert comme l’illustre les événements à l’épiscopat d’Antanimena en 2009.
Malheureusement, tout comme en politique, certains ont vite tenté de délaisser l’histoire enfouie sous le sable de l’oubli, sans prendre le temps de considérer la mémoire. Il ne faut donc pas s’étonner que demain, ce soit bis repetita et que les acteurs changent mais que la situation reste la même. L’église sera, encore une fois, au centre d’une querelle politique.
Rakoto