Le verre à moitié plein !

Tellement la fabrication et la vente d’alcool traditionnel, mieux connu sous le nom de « Toaka gasy », coule à flots que les interdire et bannir, comme au temps de la prohibition, relève désormais de l’absurde. On n’en est plus à ce stade-là. D’ailleurs tous les efforts en ce sens, menés tambour battant depuis des décennies, ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan, loin des résultats escomptés. Il faut se rendre à l’évidence. Les contrôles renforcés, les saisis et les arrestations, n’ont pas réussi à endiguer le phénomène de la consommation d’alcool de fabrication locale et artisanale à Madagascar.
Au vu de tout le monde, et ce n’est pas un secret pour personne, le Toaka gasy s’invite maintenant à la table des fêtes et des bars de quartiers qui fleurissent dans les villes. Les rhums arrangés faits maison, destinés à être commercialisés et pas cher, sont actuellement en pleine effervescence. A quoi bon donc de s’acharner à mener une bataille perdue d’avance qui va rendre les choses encore plus compliquées.
Jusqu’à preuve du contraire, la production et la commercialisation du Toaka gasy, restent interdites sur le territoire national. Pour cause, le Sénat et l’Assemblée ne sont pas du même avis. La Chambre basse est pour sa légalisation, en tant qu’une filière à part entière génératrice de revenus au niveau local, d’ailleurs un projet de loi allant dans ce sens, a déjà été adopté à Tsimbazaza en 2021, tandis que la Chambre haute, évoquant des risques majeurs sur la santé, a rejeté en bloc ladite proposition de texte, initiée par le député Brunelle Razafintsiandraofa, à l’époque.
Malgré ce rejet cinglant des sénateurs, les députés n’ont pas encore dit leur dernier mot. Cette fois, le projet de loi portant légalisation du Toaka gasy est proposée par l’élu d’Ambositra, Fanomezantsoa Yves Geor¬ges Andriamihaja, utilisant les mêmes arguments que ceux de Brunelle Razafintsiandraofa, pour le faire adopter. Serait-il également confronté au même rejet une fois arrivé auprès du Sénat ou nouvelle législature, nouvelle vision des choses? En tout cas, certains voient le verre à moitié plein.

J.R.

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