Entre la rage et les fous

Les rues de la capitale deviennent de moins en moins sures même en pleine journée. Ce ne sont plus seulement les bandits de tous acabits qui détroussent les passants qui représentent le seul danger. Il y a également la rage qui sévit ainsi que les nombreux fous qui déambulent librement dans les rues de la capitale.
A Madagascar, 800 personnes par an se­raient décédées à cause de la rage. Dans la capitale en particulier, les chiens errants qui envahissent certains quartiers en meute en sont la principale cau­se. Des opérations ont été menées pour exterminer ces chiens errants, mais le mal n’a pas disparu pour autant.
Des meutes sèment encore la terreur dans certains quartiers. Et les cas de rage suite à la morsure de chine errant ne sont pas rare. Bien évidemment, les responsables ont déjà annoncé que les opérations d’extermination de chiens errants vont se pour­suivre.
On se demande bien pourquoi n’a-t-on pas poursuivi les opérations d’extermination. Il n’y a qu’une seule explication valable : Le Bureau Mu­nicipal d’hygiène (BMH) qui est chargé de ces opérations se retrouverait dans une situation de rupture de stock de poisons pour tuer les chiens errants.
La situation est identi­que en ce qui concerne les nombreux fous qui sont laissés libres dans la Ca­pitale. Pourtant, certains présentent des signes flagrants d’agressivité. Mais on les laisse libres faute de moyens. Même s’ils sont acheminés à Anjanamasina, l’asile d’aliénés, ils reviennent rapidement dans la capitale.
Ils sont laissés sans soins et sans contrôle. L’asile ne peut pas se per­mettre de les prendre en charge faute de moyens. Encore faut-il remarquer que leur famille respective les ignore volontairement car ils constituent des charges qu’elle ne peut pas supporter.
En fin de compte, personne ne prend la res­ponsabilité de les prendre en charge alors qu’il existe des structures qui doivent le faire. Norma­lement, la santé et la sécurité de la population de la capitale sont une priorité. Les citoyens sont en droit d’attendre que leur santé et leur sécurité soient assurées.
Seulement, c’est loin d’en être le cas. Qu’on se fasse mordre par un chien errant enragé ou qu’on se fasse agresser par un fou violent, il appartiendra à chacun de se débrouiller par ses propres moyens. Pour­tant les soins qui ne sont pas gratuits ne sont pas donnés, notamment en matière de traitement contre la rage.
Il ne faut pas oublier que la rage est mortelle si elle n’est pas traitée ra­pidement et convenablement. Or, tout le monde n’a pas les moyens suffisants pour s’offrir ce type de traitement. Dans ces conditions, la population est obligée de vivre sur la corde raide entre la rage et les fous.

Aimé Andrianinna

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