Une étude de perception menée en 2018 à Madagascar par Humanité & Inclusion (HI) au niveau des prisons a relevé que 97% des détenus sont dépressifs, voire suicidaires.
«C’est par rapport aux conditions de détention et à la surpopulation carcérale», a indiqué le Country Director de HI, Vincent Dalonneau, en marge de l’atelier de réflexions autour des enjeux du monde carcéral à Madagascar qui s’est déroulé hier à l’hôtel Ibis Ankorondrano. En effet, outre la privation de liberté et le fait d’être séparé de la famille, la surpopulation carcérale ne fait qu’accentuer cette situation. Par conséquent, ces détenus sont dans l’incapacité de se prendre en charge eux même pour accepter leur situation de détention, et surtout de se projeter dans l’avenir.
Cette détresse se manifeste extérieurement par la peur, la tristesse, le découragement, et finit parfois par l’envie de mourir, en particulier pour ceux qui sont incarcérés depuis deux ans. Quant à la tentative de suicide, elle se manifeste surtout au niveau des prévenus. «A cause de cette situation, ces derniers ont du mal à s’insérer dans la société une fois sortie de prison. Ils sont toujours en effet accompagnés de cette perception négative, sans parler du rejet de leurs semblables», a fait remarquer de son côté le directeur de l’Humanisation de la détention et de la préparation à la réinsertion sociale (DHDRS) de l’Administration pénitentiaire, Aina Tantely Rakotomalala.
Ateliers de réflexions
Compte tenu de ce contexte et sous l’impulsion d’Humanité & Inclusion (HI) et de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM), des ateliers de réflexions autour des enjeux du monde carcéral à Madagascar ont été observés durant deux jours à l’hôtel Ibis Ankorondrano. Une grande première dans l’histoire de l’Administration pénitentiaire malagasy. «Ils serviront de préalables à des rencontres plus élargies en vue de soutenir l’Administration pénitentiaire dans leurs projets de modernisation et d’humanisation des conditions de détention à Madagascar», a indiqué le DHDRS de l’Administration pénitentiaire.
D’autres ateliers sont, en effet, prévus au mois de mars afin de concrétiser les appuis d’humanisation et de modernisation de la détention à Madagascar.
Sera R.