Deux laboratoires de recherches à l’université d’Antananarivo, à savoir le laboratoire philosophie, histoire de la philosophie, éthique ainsi que le centre de recherche et d’études sur les constructions identitaires (Crec), ont organisé, cette semaine, un colloque international des jeunes chercheurs, à Ankatso.
L’objectif du colloque est d’éveiller et dynamiser le domaine des recherches auprès des étudiants et passionnés de la science à travers des discussions et des partages d’expériences. Cette fois-ci, l’événement a regroupé une cinquantaine de jeunes chercheurs issus de différents pays et surtout, il a vu la présence du physicien et philosophe célèbre français, Etienne Klein. Ce dernier a animé deux conférences exceptionnelles axées sur la vulgarisation et la digitalisation scientifique, des thèmes qui lui tiennent à cœur particulièrement.
« Comment parle-t-on de la science dans notre vie quotidienne ? La réponse à cette question est assez complexe, parce que ce n’est pas tout le monde qui comprend la science », a-t-il annoncé. Et pourtant, il est important de faire vivre la science au sein de la société, c’est un peu comme traduire le langage scientifique en langage quotidien. « J’ai surtout remarqué ce cas, ces dernières années, depuis l’apparition de la pandémie. La population s’intéresse aux statistiques, aux composés chimiques d’un médicament ou vaccins. Mais malheureusement, beaucoup ne prennent pas le temps de comprendre, de se poser des questions, et ont tendance à avoir confiance aux scientifiques (…) Avec la digitalisation scientifique, la véracité est toujours remise en question, surtout sur les réseaux sociaux », a-t-il annoncé dans sa présentation. Un paradoxe de notre époque qui démontre l’importance de la vulgarisation scientifique à la société.
Des extraits des sujets abordés
Durant sa première conférence, plusieurs points ont été relatés, entre autres le fait qui diffère les scientifiques des littéraires. « Quand ces derniers perçoivent par exemple un coucher du soleil, ils éprouvent une sorte d’étrange émotion leur permettant par la suite d’écrire des textes fabuleux. Par contre quand les scientifiques voient la même chose, ils sortent des théories sur les couleurs, sur les atomes… Et ces sciences bloquent ainsi les émotions », a-t-il ajouté. Les deux sont tous des observateurs mais ont chacun leur manière de s’exprimer.
Lors de sa deuxième conférence, Etienne Kleine a surtout parlé de la technologie : « est-ce qu’elle nous éloigne de la science ? » Par exemple, peu de gens se préoccupent des diverses techniques d’un appareil, se contentant uniquement de savoir comment l’utiliser. « Ce qui est intéressant, c’est que plus la technologie est complexe, plus son utilisation est facile pour nous, comme nos téléphones portables. Peu de gens savent comment ils sont faits, c’est une science complexe. Et pourtant, tout le monde sait comment il fonctionne. Il nous est vendu sans mode d’emploi, et nous nous débrouillons pour l’utiliser », a-t-il annoncé.
Plusieurs autres sujets ont été abordés durant ces deux jours. Mais Etienne Kleine a terminé en beauté ses conférences par la réponse à cette question qui tourmente beaucoup. « Est-ce qu’un jour l’intelligence artificielle dépassera l’intelligence humaine ? ». Et sa réponse est négative. Les étudiants de l’université, ainsi que les professeurs étaient donc enchantés de sa présence et espèrent son retour au pays pour d’autres sujets, ou à défaut, la venue d’autres scientifiques pour partager d’autres expériences.
Holy Danielle