En à peu près une semaine, le ton semble définitivement donné dans la course à la prochaine présidentielle. Entre publication d’une proposition de calendrier, la déclaration de candidature d’un postulant et l’arrivée d’un ancien chef de l’Etat, tout semble s’accélérer et la configuration du plateau électoral se dessine. Il y aura forcément des ex-ceci ou cela, certainement des candidats de la dernière présidentielle qui retenteront une nouvelle fois leur chance et peut-être de nouvelles têtes si l’on en croit les rumeurs et les gesticulations observées depuis plusieurs mois. Mais il y aura surtout visiblement un tournoi open, puisqu’il est bon ton actuellement de parler de sport. Une joute électorale assez ouverte pourvu, certainement, que les candidatures soient conformes aux textes en vigueur. Puisqu’il faut bien jouer aux victimes, le déploiement d’éléments de forces de l’ordre opéré du côté d’Ivato leur a valu d’être taxés d’empêcheurs de tourner en rond. Mais cela n’a visiblement pas marché puisque, aussi important qu’ait été le dispositif, il ne s’agissait ni plus ni moins a priori que de prévenir tout débordement. Et puis, cela n’a fait qu’ajouter au côté « officiel » de la chose…
Dans tous les cas, l’heure est à la réapparition de personnalités politiques qui, bien tapies dans l’ombre depuis tout ce temps, guettaient le moment de sortir de leur silence, d’abord pour dresser un tableau plus que noir de la situation actuelle et pointer du doigt le pouvoir en place. Et ensuite pour se poser en hommes providentiels, porteurs de solutions destinées à redresser le cap. Pour dire qu’avant, c’était mieux et qu’avec eux, ce sera meilleur. C’est de bonne guerre, dira-t-on puisque – et c’est ainsi partout dans le monde – ce sont les périodes de crises (sociales et économiques en l’occurrence) qui donnent du grain à moudre à l’opposition qui n’a pas grand-chose à dire en période faste. D’ailleurs, dans le domaine politique, les opportunités comptent énormément et ce n’est certainement pas fortuit que ces anciens présidents fassent de plus en plus fréquemment leur apparition sur la scène publique. L’être compte aussi nettement moins que le paraître, quitte à nouer des alliances conjoncturelles contre-nature entre ennemis d’hier qui seraient devenus des amis aujourd’hui… A la limite, tant mieux pour la « réconciliation nationale »…
Critiques et prétextes
Le processus se met donc en place lentement mais sûrement, l’entité en charge de l’organisation des élections assurant chaque semaine que le budget nécessaire à
la tenue de ce scrutin sera réuni. Une levée de fonds auprès de l’Exécutif et des partenaires et bailleurs étrangers, doublée d’un appel aux observateurs nationaux et internationaux.
Et il faudra encore compter avec certains politiciens ou états-majors politiques qui, on se le demande, ont réellement l’intention de se soumettre au verdict des urnes ou alors nourrissent d’autres desseins. Ceux-là avaient d’abord soutenu que les prochains scrutins ne devraient avoir lieu qu’une fois que tous les registres d’état civil et, par conséquent, les listes électorales aussi, seront passés par la case digitalisation. Une opération de recensement en vue de la refonte totale de la liste électorale a été enclenchée. Par la suite, si ce ne sont pas les critiques sur les dates des scrutins, ce sont des soi-disant irrégularités. Certaines organisations de la société civile avancent même l’idée d’invalider un scrutin dont le taux de participation se situerait en-dessous d’un certain seuil. Est-ce bien normal venant d’entités dont la principale vocation est normalement l’éducation électorale ou déjà un aveu d’échec ?
Quoi qu’il en soit, les critiques se multiplieront au fur et à mesure qu’approcheront les échéances électorales, autant que les arguments soutenant que, pour une raison ou une autre, le scrutin ne devrait pas avoir lieu ou qu’il aurait été teinté de fraudes. Certains rivaliseront littéralement d’ingéniosité et de créativité à ce niveau et ce ne serait pas la première fois ni selon toute vraisemblance la dernière. Face à cela, la commission électorale sur qui repose tout le processus, devra répondre dès à présent en se montrant à la hauteur pour des élections, selon l’expression consacrée, crédibles et transparentes.
N.R.