Une nouvelle plaque tournante

Nosy-Be serait-elle en train de devenir une plaque tournante du trafic de drogue dure ? Effectivement, après la découverte de quelques kilos d’héroïne sur un passager en provenance du continent africain, il y a quelques semaines, c’est maintenant du marijuana (9 kilos) qui a été appréhendé par les douaniers malgaches sur un passager de nationalité
tan­zanienne. Tous ces trafiquants viennent du continent tout proche.

Et pour cette raison, il est tout à fait légitime qu’on se pose la question. Le moins qu’on puisse dire est que Nosy-Be est déjà devenue le point de transit des trafiquants de drogue de tous genres. Mais quoi qu’il en soit, c’est déjà un véritable danger pour la population. La tentation d’intégrer un réseau de trafic de drogue où l’argent circule à flot est forte pour une population fortement appauvrie.

D’autant plus que les jeunes de cette localité (tout comme ceux de toute la région) ont déjà l’habitude de cohabiter avec la drogue, pas dure peut-être, mais de la drogue tout de même. Il
s’agit en particulier du
« rongony » (chanvre indien) ou « djamala » comme on l’appelle dans cette région et du Katy. C’est pour ainsi dire qu’il sera aisé pour les trafiquants de trouver des dealers ou des mules (transporteurs de drogue volontaires ou non), si réellement, cette drogue était destinée au
« marché » malgache.
Et le choix de Nosy-Be ne s’est pas fait au hasard. On peut remarquer que le trafic s’est renforcé depuis la reprise de vols directs venant de l’étranger. On peut croire et surtout craindre que le trafic de drogue dure ne s’amplifie dans le pays avec l’ouverture de vols directs de l’étran­ger vers d’autres villes de Madagascar (Toama­sina, Mahajanga, Tao­lagnaro…). Autrement dit, ces villes peuvent aussi devenir d’importants centres de trafic de drogue dure.

De toutes les façons, Toamasina fut déjà le théâtre de la prise par les douaniers malgaches d’une importante quantité d’héroïne. Le choix de Nosy-Be s’explique également par le fait que c’est une destination tou­ristique très prisée par des voyageurs internationaux. Ces derniers peuvent constituer une cible potentielle pour les trafiquants de drogue dure et a priori, ils ont les moyens de s’en offrir.

On peut également penser que les trafiquants ont délibérément choisi Nosy-Be du fait que c’est une île. Rien ne dit que toute la drogue importée qui entre dans le pays soit acheminée exclusivement par voie aérienne. La voie maritime offre de nombreuses alternatives aux trafiquants d’autant plus que le pays ne dispose pas encore d’une équipe étoffée de douaniers pour effectuer le contrôle méticuleux de tous les ports d’attache existants. Ce sont les trafiquants qui en profitent.

Aimé Andrianina

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