Quoi qu’en disent les statistiques officielles, le taux de chômage est assurément très élevé à Madagascar et ne reflète pas la réalité. Il suffit de regarder autour de soi pour le constater. Rien qu’à voir toutes ces personnes déambuler dans les rues sans avoir un but bien précis montre à quel point l’oisiveté (involontaire) est à son comble.
Aussi, il ne faut plus s’étonner si un chien écrasé arrive à créer un attroupement inhabituel car en raison de son inoccupation, la population est réactive au moindre «évènement». Certes, dans la capitale par exemple, les rues sont bien animées par des milliers de marchands ambulants.
Mais il faut bien reconnaitre qu’effectivement, ce type d’«activité» cache une forme
de chômage déguisé. Et certains marchands (importateurs) profitent de cette force de vente sans coût (ou tout au plus au moindre coût) pour gonfler leurs chiffres d’affaires à l’insu du fisc.
Et c’est surtout du côté des jeunes que le chômage est important. L’insertion des jeunes dans le monde du travail est difficile. Non pas que les jeunes ne veulent pas travailler, mais ce sont les conditions d’accès qui sont trop sélectives.
Certes, il y a des jeunes qui, pour une raison ou une autre, ne veulent travailler que si le poste qu’on leur attribue est important donc bien rémunéré. En mettant la barre trop haute, ils s’exposent ainsi à de nombreux revers, à moins d’avoir des pistons assez solides.
Il y a des entreprises qui profitent de cette situation d’insuffisance d’offres d’emplois pour exploiter les nouveaux demandeurs d’emplois. Elles les prennent en stage pendant un an pour se débarrasser de ces stagiaires en affirmant que l’essai n’est pas concluant.
Bien sûr, ce ne sont pas toutes les entreprises qui agissent ainsi. Mais il y en a qui le font car cela leur permet de faire des économies au niveau des charges sociales. Effectivement, un stagiaire perçoit bien souvent une rémunération bien moindre par rapport à celle d’un employé confirmé.
Que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural, l’insertion professionnelle des jeunes est toujours difficile. Si en milieu rural, il y a moins d’offres de travail, en milieu urbain, les conditions de recrutement sont difficiles car on demande aux nouvelles recrues une ancienneté d’au moins 5 ans. Ce qui est une véritable aberration.
En effet, où, quand et comment peuvent-ils se prévaloir de 5 années d’expérience si on ne leur donne pas une chance dès leur première expérience dans le monde professionnel ? C’est pourquoi aujourd’hui, pour les jeunes, trouver un emploi stable ressemble à un véritable parcours du combattant.
Aimé Andrianina