L’autel de la barbarie

Un homme a été pris à tabac par la foule, le mois passé à Ambositra, pour avoir volé deux épis de maïs. Grièvement blessé, il a rendu l’âme, peu de temps après son arrivée à l’hôpital. L’homme aurait agi dans une situation de souffrance sociale. Donc, ce n’était ni plus ni moins qu’un vol de misère. Qui doit-on blâmer dans un pareil cas ?

La justice populaire a pris une proportion alarmante ces derniers temps. Il y a encore quelques semaines à Ambolokandrina, deux cambrioleurs ont échappé de justesse à la mort. Sans l’intervention de la police, ils auraient connu aussi une fin tragique. Les deux hommes avaient encore en leur possession le fruit de leur vol, à savoir des marmites et une bouteille d’huile alimentaire.

Un sondage réalisé par Afrobaromètre en 2018, indique que « 54% des Malagasy estiment que la vindicte populaire est un moyen efficace pour se faire justice soi-même ». Par contre, selon toujours l’enquête, « 38% considèrent cette pratique comme une incitation à davantage de violence qui creuse un fossé entre la population et la Justice légale ». Quoi qu’il en soit, plus d’un affirme que la recrudescence de l’insécurité, l’incurie des autorités et la défiance envers la Justice sont à l’origine de la vindicte populaire et du lynchage des personnes soupçonnées d’infractions, si bien que la loi du Talion, symbolisée par l’expression « Œil pour œil, dent pour dent », est devenue monnaie courante.

Face à ce constat amer, il y a urgence à réagir en vue de rétablir la situation car il arrive aussi que des innocents soient livrés sur… l’autel de la barbarie.

Mparany

Partager sur: