Une exposition au nom étrange a posé ses valises dans la mairie d’Antananarivo, depuis le 10 mars. La grande salle accueille une rétrospective du label Plonk et Replonk-Bébert. 12 panneaux qui déclinent 120 dessins conçus dans un seul but : faire sourire ou rire. Dès maintenant, vous pouvez jeter un œil sur un des dessins à côté de cet article, pour vous faire une idée.
Cette exposition s’inscrit dans le cadre du mois de la francophonie, en mars. Et elle prend son origine par des discussions entre Claude Stadelmann, co-responsable du label avec Hubert Froidevaux, et l’ancien ambassadeur de Suisse à Madagascar, Chasper Sarrot (nommé à Kinshasa depuis la mi-2022).
Parce que la culture ne peut se faire sans financement, nous avons voulu savoir combien les éclats de rire made in Plonk et Replonk avaient coûté. “Le budget total est compris entre 22 000 et 23 000 euros”, annonce Claude Stadelmann.
Il y a eu, en gros, trois centres de coûts. D’abord, les dessins, pour un total d’environ 10 000 euros. Les organisateurs ont dû financer les droits d’auteurs payés au label Plonk et Replonk-Bébert. C’est la rémunération des artistes pour leur inventivité comique. Et bien entendu, il a fallu payer l’impression des toiles, qui a été réalisée par Dataprint, une entreprise locale.
Deuxièmement, les œuvres d’autres artistes également exposées pour environ 8 000 euros.
“Des dessinateurs de BD malgaches se sont exprimés avec la “banane” sur les poncifs suisses !”, sourit Claude Stadelmann. Ils ont produit plusieurs planches installées aux côtés des dessins. La grande salle de la mairie a aussi eu le plaisir de faire connaissance avec une œuvre lémurienne de l’artiste Sexy Expédition Yéyé (Myriam Merch pour le fisc) : un magistral singe de 2 mètres de haut, perché sur son socle. Nous avions déjà écrit sur cette plasticienne et peintre belges, résidente à Tamatave depuis 28 ans (Les Nouvelles, du 1er juillet 2022) qui s’est spécialisée dans la reproduction de lémuriens dans tous leurs états.
Et troisièmement, les organisateurs ont financé la logistique, les déplacements, et le Grand Tournoi des 5 nations francophones de la chocolaterie, qui aura lieu le 26 mars. “Une dégustation à l’aveugle sera organisée dans le cadre de l’Exposition avec la collaboration de maîtres chocolatiers d’ici et d’ailleurs”, indique Plonk et Replonk.
L’exposition est entièrement gratuite. Le financement vient donc de sponsors. Deux organisations de promotion de la culture et de l’image de la Suisse, Présence Suisse et la fondation Pro Helvetia, ont contribué respectivement pour 6 000 et 7 000 euros. Le groupe Vima, dirigé par Zouzar Bouka, a fourni 8 000 euros. L’OIF a dédommagé les bédéistes. Le Carlton a offert le gîte et Air France a proposé des réductions sur les billets d’avion.
La Chocolaterie Robert, via Nirina Ramanandraibe, et le Groupement des exportateurs de vanille, représenté par George Geeraerts, financent le tournoi chocolatier du 26 mars. L’Express de Madagascar a aussi offert une double page le jour de l’inauguration de l’exposition, le 10. Et enfin, la Communauté urbaine d’Antananarivo a offert la salle. M. le Maire, Naina Andriantsitohaina, et la responsable de la culture au sein de la mairie, Elia Ravelomanantsoa, étaient d’ailleurs présents lors du vernissage.
Pour l’organisation, “je me suis entouré d’une équipe de travail avec notamment Henry De Heaulme via son entreprise Clairval et Sylvie Joliclerc, de la librairie Samuraï, qui ont fourni une aide précieuse et bénévole. Ihaja Rajaonarison, de la mairie, a aussi eu un rôle important, ainsi que Tsiory Randriamanantena, directeur du Musée de la Photo.”
Dans le but de faire tourner l’exposition dans le reste du pays, les organisateurs ont eu la prévenance de s’adapter à la rigueur du climat malgache et au bon état des routes. Ils ont fait imprimer les dessins sur des grandes bâches, résistantes à l’eau, aux chocs, au soleil… “Nous sommes en discussion actuellement pour exposer à Antsirabe, mais rien n’est encore acté”, précise Claude Stadelmann.
De toute manière, l’exposition ne pourra s’échapper de Madagascar car les panneaux sont la propriété conjointe de la Mairie et de l’ambassade de Suisse, et l’œuvre de Myriam Merch a été offerte à la mairie.
“Nous prévoyons des expositions Plonk et Replonk semblables en Turquie, au Congo-Kinshasa, dans les prochains mois, et aussi au Canada et en Belgique”, ajoute Claude Stadelmann. Madagascar est ainsi le premier pays, après la France, à accueillir Plonk et Replonk !
Emre Sari