Un mandat d’arrêt est émis contre un président de la République en exercice, qui plus est un pays membre du conseil de sécurité des Nations unies. Une grande première dans les annales. Certains disent que c’est historique, d’autres y voient une provocation, en fait, c’est selon la position où l’on se trouve. L’initiative peut en tout cas difficilement aboutir, d’autant que la Russie a déjà claqué la porte de cette juridiction depuis belle lurette. Tout comme plusieurs autres pays, notamment d’Afrique, qui ont choisi de prendre leur distance par rapport à cette cour.
Et pour cause, la juridiction chargée de statuer sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, a toujours été taxée d’être une juridiction « pour les plus faible ». Comme en témoigne le nombre de personnalités, en majorité issues des pays du continent africain, qui ont passé devant la barre de la CPI. Il est évident que, de ce côté-là, la gouvernance mondiale de jugement des crimes mérite d’être revue ou, s’il n’existe pas, il faudrait en inventer afin que chaque responsable, que ce soit d’un grand ou d’un petit pays, soit traité sur le même pied d’égalité. Un idéal, peut-être difficile à atteindre, mais qui mérite sérieusement réflexion.
En tout cas, jusqu’ici, si l’objectif est d’isoler le « maître du Kremlin », c’est loin d’être atteint, du moins à l’heure actuelle. Sur le long terme, peut-être. Car, pas plus tard qu’hier, c’est l’autre « grand frère » chinois qui s’est déplacé à Moscou. Tous les observateurs s’accordent à dire que, dans un contexte d’évolution géopolitique permanente, cette visite n’a rien d’une simple visite de courtoisie et que la veille, la CPI a émis son mandat d’arrêt. En tout cas, vu d’ici, à mille lieues d’une bataille qui nous semble a priori étrangère, il vaut mieux rester en retrait.
J.P