Liberté. La presse en fait un leitmotiv. Encore plus pendant une journée sur les 365 constituant l’année, le 03 mai, consacré Journée mondiale de la liberté de la presse avec pour thème «Façonner un avenir de droits : La liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme».
Comme tous les ans, le milieu de la presse se retrouve, cogite, glose, interpelle ou fait son introspection sur l’état de la liberté dans laquelle elle exerce son métier. Et comme chaque année, le constat se révèle plus ou moins accablant pour ce qui est de cette sacrosainte liberté de presse, notamment en ce qui concerne la liberté d’expression, de pensée, d’opinion… Par-delà le monde, la presse vit régulièrement des moments difficiles.
Au pays, rien que pour l’année dernière, l’Ordre des Journalistes de Madagascar n’a pas été avare de communiqués et de déclarations, dès lors que, rien que pour l’année dernière, les cas de violences physiques et verbales, menaces et atteintes diverses à l’exercice de la profession semblent s’être multipliés. Le 3 mai est une journée pour la liberté, mais sans doute également une occasion de procéder à une introspection, si pour autant l’on souhaite que le métier évolue. Il est de ces obligations que certains membres de la presse eux-mêmes ont tendance à oublier, en l’occurrence au niveau éthique et déontologique. C’est comme si la mauvaise image qu’une frange de l’opinion se fait du métier ne suffisait pas. C’est d’autant plus regrettable – et ce n’est un secret pour personne – quand la politique s’en mêle et dicte la position des uns et des autres au détriment de la profession. Cela ne concerne évidemment pas que la presse et quand les manquements s’enchaînent, que l’on ne s’étonne donc pas de tout ce monde qui s’improvise enquêteur, procureur, juge, avocat, spécialiste des transports, de l’ingénierie de la circulation… et bien sûr journaliste.
On remet aujourd’hui en cause la crédibilité de tout un corps pour savoir qui a tort ou raison. Les débats et la pluralité d’idées enrichissent la démocratie mais, de ces écueils, il ne ressortira rien de bon. Mais l’instant prête aux remises en question.
Numérique
Pour cette année encore, l’espace numérique sera encore tout particulièrement au cœur des réflexions. Le sujet est d’actualité même dans un pays où la fracture numérique demeure assez marquée dès lors qu’une grande partie de la population rurale ne peut encore accéder à Internet, ni même parfois aux médias traditionnels comme la radio ou la télévision. A juste titre quand la presse
traditionnelle n’arrive pas à suivre le rythme des réseaux sociaux où tout se trouve, se mêle,
y compris demi et fausses informations. Mais qui passent toujours même sans aucune vérification, sans filtre et qui parviennent plus vite à la population. Beaucoup s’improvisent lanceurs d’alerte mais la plupart pour des intérêts personnels ou politiques, soit pour défendre une couleur ou alors dénigrer un régime, une personnalité ou un parti. Puis de lanceurs d’alerte, certains se proclament analystes et journalistes. D’on ne sait où ni comment. De liberté, l’expression en a également constamment besoin dans toute démocratie. Et une fois de plus, les réseaux sociaux font figure de proue à ce niveau, au point qu’il y règne parfois un beau fouillis de tout et de n’importe quoi. Un véritable exutoire, déversoir des frustrations et des rancœurs. On y voit même, selon l’expression consacrée, du… jamais vu depuis soixante ans.
La presse malgache est-elle libre ? Dans tous les cas, la profession fait face à un certain nombre de défis qui, si elle parvient à les relever, deviendront des opportunités. La liberté de la presse se mesure à l’aune de la liberté d’accès aux sources, la liberté dans le traitement et la liberté de publier les informations.
Par rapport aux autres, la démocratie malgache est encore relativement jeune. Il y a le droit à la liberté, mais aussi le devoir d’apprendre à en user correctement.
N.R.