Conjoncture: la classe politique s’oppose à une transition

Instaurer un gouvernement de transition ne fait pas l’unanimité dans la sphère politique. La majorité s’y oppose, y compris même les opposants au pouvoir. Samedi, en marge d’une conférence-débat, à Andraharo, l’ancien président, Hery Rajaonarimampianina, a rejeté catégoriquement cette idée qu’il estime inopportune.

«La mise en place d’une transition intervient dans une atmosphère politique, sociale et économique instable. Et, je me demande d’où vient cette idée. En tout cas, j’étais surpris de l’entendre», avance Hery Rajaonari­mampianina. Cette déclaration met ainsi fin aux ru­meurs selon lesquelles, cet ancien président serait à la tête de ce régime transitoire.
En tout cas, dans le camp de l’opposition, Hery Rajao­narimampianina n’est pas le premier à exprimer le fond de sa pensée. Il y a quelques jours, l’ancien président Marc Ravalomanana a également condamné toute tentative visant à instaurer une transition. Le fondateur du parti Tiako i Madagasikara (Tim) a notamment indiqué que la priorité devrait être l’organisation des élections.
Pour le régime en place, la messe est déjà dite. Sans cesse, la porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy a martelé qu’il n’y aura pas de transition à Madagascar. Ce n’est pas l’intention du gouvernement actuel. Elle a clairement souligné que la priorité dans l’agenda du gouvernement est la tenue des élections. D’ailleurs, au vu du contexte dans le pays, sans la survenance d’une crise politique, le processus de transition n’a pas sa raison d’être. «Il ne faut pas confondre crise socioéconomique et crise politique», précise-t-elle.
Dans la même position, les membres des Organisa­tions de la société civile (OSC) ont eux aussi affirmé leur opposition à la mise en place d’une transition. Le Comité national pour l’observation des élections (Kmf/Cnoe) a déjà souligné que le pays ne pourra plus supporter une nouvelle transition.

Silence du FFKM
Quant à la communauté internationale, sa position sur le sujet reste pour le moment ambiguë. A titre d’exemple, l’Union européenne (UE) à travers son ambassadrice au pays, Isa­belle Delattre, n’a ni con­dam­né ni soutenu l’idée. Cette diplomate a toutefois déclaré la semaine passée que l’UE ne s’oppose pas à la mise en place de cette transition, s’il y a consensus.
En même temps, le silence des chefs d’Eglise au sein du Conseil chrétien des églises de Madagascar (FFKM) suscite aussi des interrogations. L’entité est en effet citée comme faisant partie de ceux qui tirent les ficelles, mais à ce jour, elle n’a ni confirmé ni démenti cette information.

Tsilaviny Randriamanga

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