Ruine de la jeunesse du pays

Dorénavant, les se­ringues ne seront plus mises en vente libre dans les pharmacies. On ne pourra plus en acheter sans une or­donnance médicale. Cette décision répond assurément à la prolifération de la consommation de drogue dure dans le pays, notamment l’héroïne. En ef­fet, ce fléau gagne du terrain et se répand dans presque toutes les provinces.
Bien évidemment, l’intention de ceux qui ont pris cette décision est bien louable car d’aucuns ignorent que la seringue est le matériel de base de tout drogué par injection. Et sans ce matériel, il lui est difficile de satisfaire son vice. Ainsi, en rendant difficile l’accès à ce matériel, on pense que la consommation de drogue dure par injection sera réduite.
Mais en ne vendant les seringues que sur présentation d’une or­donnance médicale, croit-on vraiment que ce sera un moyen efficace pour lutter contre cette poussée de la consommation de drogue dure ? On est loin d’en être sûr car de toutes les façons, les drogués trouveront toujours un moyen pour s’en procurer tellement l’addiction qui les pousse est forte.
De ce fait, c’est tout le monde qui est pénalisé avec cette nouvelle interdiction. Effectivement, une seringue peut bien servir à de nombreuses choses autres que de s’injecter de la drogue. C’est très pratique pour certaines choses bien précises telle que transvaser du liquide (du parfum par exemple) d’un contenant à un autre surtout si le goulot est très réduit.
Quand on y pense bien, les inconvénients de cette interdiction sont plus nombreux que les avantages. Tout d’abord, comme pour tout article dont l’accès est rendu plus difficile, un vaste trafic va s’organiser dans la vente clandestine de seringue. Et il y a des personnes qui n’attendent que ces occasions de pénurie pour réaliser d’énormes profits.
Comme on le dit :
« Ce qui est rare est cher ». Et les spéculateurs de tous genres vont en profiter sans penser aux conséquences néfastes que cela pourrait engendrer. En effet, il y a des conséquences plus graves encore que ces spéculations. Certains drogués, dans l’incapacité d’accéder facilement à une seringue, vont négliger les mesures sanitaires d’usage.
Ainsi, il se pourrait qu’une seule seringue soit utilisée par plusieurs drogués. Ce qui ne manquera pas de favoriser la prolifération des maladies transmissibles par le sang (sida…). La situation sanitaire dans le pays va se détériorer. Il faut donc trouver d’autres moyens de lutte contre la prolifération de la drogue dure dans le pays.
Comme toujours, la véritable solution ne peut se trouver qu’à la source. Il faut faire en sorte que l’accès à la drogue dure soit complètement bloqué. Et pour cela, il faut couper la tête de ce trafic, autrement dit, identifier les barons locaux de la drogue et les sanctionner de ma­nière à ce qu’ils ne puissent plus exercer cette activité qui ruine la jeunesse du pays.

Aimé Andrianina

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