Se faire incinérer plutôt que d’être inhumés, de plus en plus de gens adoptent cette pratique en vogue à l’étranger, pour diverses raisons, malgré son coup assez élevé. Mais, pour la grande majorité, l’attachement à l’enveloppe corporelle et à la cérémonie d’inhumation, dans un rite funéraire, reste encore très ancrée.
Envelopper les défunts dans de linceuls avant l’enterrement, suivant un rite spécifique transmis de génération en génération, fait la particularité de la cérémonie funéraire malgache. Mais visiblement, la crise socioéconomique a bousculé les traditions à tel point que certains diminuent les frais liés à un décès et par ricochet aux obsèques.
D’après les témoins des marchands installés devant de l’HJRA Anosy, beaucoup de gens n’achètent plus de linceuls (Lambamena) de qualité qui ont un prix, entre 25.000 à 1,5 million d’ariary, selon leur qualité. Les linceuls en soie naturelle coûtent même plus chers, à partir de 300.000 ariary. Certaines familles de défunts optent pour le « Lambatavoahangy » qui est un tissu à base de fibre de nylon, vendu à 12.000 ariary la pièce.
« Envelopper un mort exclusivement avec un Lambatavoahangy, c’est comme le vêtir uniquement d’une doublure d’un costard », a fait savoir un de ces marchands. Il déplore cette situation, vu que les Malgaches accordent une importance sacrée à leurs morts. Ils avancent comme raisons évidentes, l’effritement actuel du pouvoir d’achat, le vol d’ossements humains…
Les marchands soulignent toutefois que les affaires ne marchent pas aussi bien qu’on le dit actuellement, « Contrairement à la période de retournement des morts, même si on enregistre une légère hausse des ventes par rapport à l’année dernière », indique-t-ils.
Une activité à risque
Selon les dires de ces marchands, la vente de linceuls figure parmi les activités à risque à cause des épidémies, notamment pendant la propagation du Covid-19 en 2020 et 2021. « A cette époque, la majorité de nos clients sont les proches d’une personne décédée du coronavirus. Submergés par la peine et les émotions, ils oublient de respecter les mesures sanitaires de base, en l’occurrence la distanciation sociale », ont-ils fait savoir. Ils témoignent que certains d’entre eux ont été victimes du Covid-19, durant ces deux années.
Sera R.