2023 sera une année électorale et sportive. Le Conseil international des Jeux (Cij) vient de confirmer définitivement la tenue de la 11ème édition des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) à Madagascar. Au grand dam de ceux qui avaient prédit le contraire. Et ce ne sont autres que des citoyens malgaches, parfois même des personnalités, voire des responsables issus du milieu sportif. Une attitude pas très sportive lorsqu’on sait que l’accueil de cette compétition est, en lui-même, déjà une véritable compétition : chaque fois, les pays participants se disputent littéralement l’honneur de pouvoir recevoir l’événement. L’aversion et l’adversité politique prennent chaque fois le pas sur tout, y compris le patriotisme.
Ce feu vert donné par le Cij devrait donc marquer le top départ des préparatifs de ces Jeux malgaches. Normalement dans une certaine effervescence, de liesse, ou une once d’enthousiasme. Pas si sûr. Le dévoilement du logo et de l’hymne officiel qui a suivi l’approbation a une fois de plus réveillé les bougons en chef, devenus pour l’occasion spécialistes en musique, producteurs, arrangeurs, graphistes experts, designers… Les critères esthétiques revêtent, par essence, une dimension somme toute relative mais le constat est tel actuellement que les goûts et les couleurs, on en discute et on se positionne, ce qui n’est pas mauvais en soi. Mais on connaît la chanson, quel que soit l’hymne chosi, certains ne s’y reconnaîtront jamais en raison de leurs convictions politiques.
Et puis, il y a ces disciplines sportives qui ne s’aligneront pas sur les starting-blocks des JIOI et qui ont exprimé leur déception. A juste titre certainement au vu des mois passés à se préparer pour ces Jeux. Cela étant, la réunion du Cij en a décidé ainsi et il faut savoir que le nombre de disciplines qui seront à l’affiche de l’edition de cette année dépasse la moyenne des précédentes, qui se situe entre 12 à 16.
Multiples vocations
Cela sera donc là troisième fois que la Grande île accueille les Jeux des îles, après ceux de 1990 et 2007. Et dans la décision d’en octroyer l’organisation à un pays,
la question des moyens et structures pour les accueillir pèse lourd dans la balance. La décision des dirigeants en place de se lancer dans la construction d’infrastructures et autres installations destinées à accueillir ce genre de rendez-vous, prend ainsi définitivement tout son sens.
Il y a quelques années, voire mois, alors que la crise sanitaire battait son plein, il était certes concevable que certains ne comprennent pas que l’on puisse investir dans les infrastructures sportives. Et même maintenant que le pays continue d’en ressentir les impacts, beaucoup estiment que le moment n’est pas opportun, mais ce ne sera jamais le bon moment puisque si ce n’est la peste, ce sera le Covid, ou encore une guerre qui est en train de bouleverser l’économie mondiale. Et pourtant, paradoxalement, les études et la réalité ont prouvé que le sport pouvait constituer un levier de développement économique à part entière. Notamment quand un pays abrite un évènement sportif régional, continental ou tout simplement de dimension internationale, avec ce que cela suppose de retombées en termes de tourisme et de création d’emplois. On se souviendra que le parcours africain de l’équipe nationale malgache lors de la Can en Egypte a fait exploser la vente de produits dérivés floqués du nom des Barea.
Mais ici, il y a une constante depuis plusieurs années, ce sont les mêmes qui reprochent à longueur de temps aux gouvernants de négliger le sport et les sportifs qui critiquent les investissements dans les infrastructures sportives.
D’aucuns ne cessent de souligner que ces Jeux des îles se déroulent sur fond de crise, ce que ne semble pas réellement avoir relevé le Conseil organisateur et les autres pays membres. Mais dans tous les cas, ils devraient avoir propension à faire retomber quelque peu la tension politique ambiante entourant les prochaines échéances électorales, avant que ne débute la campagne.
N.R.