Nalisoa Ravalitera : « Il n’y a pas d’urgence à réformer la langue malgache »

Jean Rabenalisoa Ravalitera, président la Section des sciences de l’art et du langage au sein de l’Académie malgache, a livré ses impressions par rapport à la récente conférence de Solonavalona Andriamihaja sur les reformes inévitables de la langue malgache.

*Les Nouvelles : L’aca­démie malgache a-t-elle approuvé la politique linguistique proposée par So­lonavalona Andriamihaja ?
– Nalisoa Ravalitera : Il a effectivement affirmé que de nouvelles réformes de la langue malgache sont inévitables. Mais il faut souligner qu’à l’Académie malgache, tout le monde a droit à la parole. Les conférenciers parlent à titre personnel, en tant qu’académicien mais non pas au nom de ladite académie. Ce n’est pas encore une déclaration officielle.

*L’académicien a également signifié que l’absence des cinq lettres sur l’alphabet malgache, constitue un handicap majeur pour l’apprentissage des matières scientifiques à l’école.
– Ce débat ne date pas d’hier. L’Académie malgache a 121 ans cette année. Près d’une dizaine de Fran­çais, l’ont dirigée à ses dé­buts. Ils ont également con­seillé l’insertion de ces lettres. Mais c’est l’alphabet à l’initiative du souverain Radama I, le 26 mars 1823, qui demeure encore le socle de la langue malgache officielle. Le reste n’est qu’une proposition d’idées. Ce n’est pas urgent.

*C’est-à-dire ?
– Y-a-t-il des termes malgaches qui commencent par le w ? Même dans le dictionnaire Larousse, l’on dénombre très peu d’entrées sur la vingt-troisième lettre de l’alphabet français. Cela dit, elle est toujours utile dans le domaine du numérique.

*Qu’en est-il de la lecture de nombre qui est actuellement de gauche à droite ?
– Ces propositions ont été également soumises à une série de débats et de concertations. Elles ont fait l’unanimité à l’Académie malgache. Ce n’est pas un problème, d’autant qu’en province, on adopte depuis belle lurette ce système de lecture. Toujours est-il que ce sont les usagers de la langue qui ont le dernier mot.
*Pour quelles raisons ?
– L’Académie malgache ne jouit pas d’un statut semblable à celui de l’Académie française. Cette dernière peut approuver des rectifications orthographiques com­me l’écriture de la pharmacie, dans laquelle le « ph » est remplacé par un « f » ou en­core la féminisation des noms de métiers (auteure). Dans ce dessein, nous avons proposé aux autorités compétentes une proposition de loi, en ce qui concerne le rôle de cet établissement public et société savante malgache qui se charge de l’étude de la linguistique, de l’ethnologie et de la sociologie malgaches. Mais elle est restée lettre morte.

Recueillis par
Joachin Michaël

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