A l’occasion de la signature de partenariats pour l’organisation de l’International Tourisme Fair (ITM) 2023, les principaux responsables du tourisme à Madagascar ont fait preuve d’un grand optimisme quant à la relance du tourisme dans le pays.
Certes, dans la vie, il est toujours bon d’avoir une pensée optimiste. Mais cela ne signifie point qu’il faut perdre de vue la réalité. En déclarant faire venir plus de touristes internationaux et atteindre le million de touristes à l’horizon 2028, certains responsables en font trop.
En effet, les chiffres obtenus actuellement laissent perplexe quant à l’atteinte de ces objectifs. De janvier à avril 2023, on a à peine enregistré l’arrivée de 50.000 touristes. A moins
d’un miracle, même les 500.000 touristes par an que l’on s’est toujours fixé comme objectif sera difficile à atteindre.
Bien évidemment, l’organisation des Jeux des îles de l’océan Indien dans le pays cette année va gonfler, un tant soit peu, les statistiques. Ceci expliquerait d’ailleurs la hausse des réservations que certaines agences de voyage affirment enregistrer aujourd’hui. Mais ce n’est qu’un évènement exceptionnel.
On peut établir toute les stratégies de promotion du tourisme que l’on veut, mais le secteur du tourisme est un secteur d’activité hautement transversal qu’il faut tenir compte de nombreux autres facteurs, c’est-à-dire les autres secteurs.
Il faut dire que la situation actuelle devrait refroidir quelque peu l’excès d’optimisme de certains responsables : Problème d’eau et surtout d’électricité, insécurité grandissante aussi bien dans les grands centres urbains qu’en milieu rural (kidnapping…), renforcement du trafic de drogue dure…
Quant à l’état actuel des routes, beaucoup trop reste à faire malgré les grands efforts fournis, il faut le reconnaître. Cependant, le réseau de transport aérien domestique est encore bien peu développé pour faire face à une éventuelle hausse importante et soudaine de la demande venant des touristes internationaux.
De plus, les billets d’avion pour Madagascar sont parmi les plus chers, ce qui rend la destination Madagascar trop chère par rapport aux autres. Mais encore et surtout, l’approche et la tenue des élections cette année sont des facteurs non négligeables. Croisons les doigts pour que le pays ne connaisse pas une importante crise sociale et politique avant les élections ou même après.
Quant à ceux qui pense en finir avec la saisonnalité du tourisme, à savoir, faire venir les touristes tout au long de l’année en leur proposant des offres adaptées à chaque saison, il n’y a aucun doute qu’ils ont déjà une idée bien précise pour annihiler toute la saison cyclonique qui, il faut le reconnaitre, porte fortement préjudice au tourisme chaque année.
La combinaison de tous ces facteurs négatifs n’est pas de nature à favoriser un développement rapide du tourisme. Le rêve de tout le monde est que la destination Madagascar devienne un jour une destination phare du tourisme international. Mais en attendant, il ne faut pas prendre nos rêves pour la réalité.
Aimé Andrianina