Climat des affaires: « Madagascar en manque d’investissements importants… », dixit Raphaël Jakoba

« Madagascar est en manque d’investissements importants pour financer sa croissance. L’attractivité du pays est à soigner », a souligné Raphaël Jakoba, conseiller juridique international, figurant parmi les experts juridiques qui ont élaboré plusieurs lois sur les investissements à Madagascar.

Raphaël Jakoba, actuellement manager de Mada­gas­car Conseil Interna­tional (MCI), a notamment élaboré le Code des changes, la loi sur les Zones économiques spéciales, le projet de loi portant refonte du Code du tourisme, mais surtout, la nouvelle loi sur les investissements.
Cet expert estime qu’il faudrait « injecter annuellement 1.500 milliards de dollars d’investissements » pour parvenir à un niveau de croissance acceptable et qui a des impacts sur toute la population. « L’épargne intérieure brute de la Grande île, est pour le moment loin de pouvoir combler cet énorme besoin », a-t-il soulevé tout en regrettant qu’« Il y a malheureusement très peu de gros investissements à Mada­gas­car, à l’instar d’Ambatovy (environ 8 milliards de dollars) ».
Le blocage de certains projets qui arrivaient déjà à maturité depuis plusieurs années, ternit l’image du pays, auprès des potentiels investisseurs. Ce juriste cite, entre autres, les projets miniers Blackearth Mine­rals, AkoraIron Ore, Next­sour­ce, Base Toliara ou encore le projet de construction d’un barrage hydroélectrique à Sahofi­ka (près d’un milliard de dollars) qui selon lui, n’est pas du tout suspendu. « Le blocage se trouve au niveau de l’Engineering Procu­rement Contract (EPC)… », indique-t-il.

« Attentisme des investissements miniers… »
Prenant l’exemple de Base Toliara, Raphaël Jakoba évoque « l’attentisme des investissements miniers à la lumière des problèmes de gouvernance, par exemple sur le gel de permis miniers depuis 2010 ».
Base Toliara pour sa part est l’un des exemples d’un projet d’investissement qui a été mis à mal par le politique, selon le juriste. Il rappelle que c’est un projet d’environ 700 mil­lions de dollars qui pourrait être le deuxième à bénéficier de la Loi sur les grands investissements miniers à Madagascar (LGIM) après Ambatovy.
La LGIM, un arsenal juridique, devrait d’ailleurs faire l’objet d’une refonte très prochainement, après l’adoption du nouveau Code minier. Or, le gouvernement malgache a décidé de suspendre le projet en 2019 sans explications très approfondies, avec une communication assez sommaire.
Les vraies raisons ayant motivé le blocage de ce projet minier restent floues. « On a pu comprendre que ça ne répond pas au contenu local, que ça ne prend pas en compte les désidératas de la population. Qu’on le dise, qu’on corrige et qu’on avance ! », réclame-t-il. Ce spécialiste des affaires avance également qu’il y a de l’autre côté des gens qui veulent des emplois et qui demandent que Base Toliara reprenne.
En tant que praticien et dirigeant d’un cabinet international, Raphaël Jakoba estime que ce projet minier est une opportunité qu’il faut approfondir pour la région Sud de Mada­gascar. Il exhorte l’Etat à trouver une solution.

Arh.

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