Seul, 0,4% de la production mondiale, soit 10.000 tonnes de café, proviennent de Madagascar. Et depuis 2016, la production a fortement chuté car la Grande île n’a pu exporter que 270 kg l’année dernière contre plus de 9.000 tonnes en 2010. Au lieu d’être un pays exportateur de café, Madagascar est devenu importateur en la matière.
En 2016, Madagascar a pu produire plus de 28.000 tonnes de café et s’est classé au 80e rang mondial. Mais d’après les derniers chiffres fournis par la direction générale du Commerce et de la consommation, entre 2018 et 2020, la production a chuté de 5.000 à 500 tonnes.
En parallèle, la Grande île a exporté 9.000 tonnes de café en 2010. Le volume exporté a largement baissé à 545 kg en 2018. Les opérations d’exportation ont enregistré une petite reprise en 2020 avec 3.134 tonnes expédiés, mais ont rechuté à 530 tonnes en 2021 et à 270 kg en 2022. Ces fluctuations de la production et des exportations ont conduit forcément à un boom de l’importation de café pour satisfaire les besoins locaux. La Grande île en a ainsi importé quelque 67 tonnes en 2020, 65 tonnes en 2021 et 266 tonnes l’année dernière.
Sur les 11 pays regroupés au sein de l’Agence des cafés robustas d’Afrique et de Madagascar (Acram), la Côte d’Ivoire caracole en tête du classement en termes de production. Madagascar se trouve à la 4e place avec une production annuelle très irrégulière, après le Cameroun et la République du Congo.
Conversion des caféiculteurs
Lors d’un séminaire d’échange organisé conjointement par l’Acram et l’International Trade Center (ITC), mardi au Radisson Blu à Antananarivo, réunissant des acteurs locaux du secteur du café, le directeur général du Commerce et de la consommation de Madagascar, Isidore Andrianirina Razanakoto indique entre autres, « la plupart des caféiculteurs se convertissent vers d’autres cultures comme la riziculture en transformant une grande partie des champs de café, un vieillissement des plants ayant conduit à une baisse aussi bien de la quantité que de la qualité et non moins l’enclavement des zones productrices de café ».
« Qui plus est, la production caféière regroupe une centaine de milliers de petits exploitants. L’existence de nombreux intermédiaires dans la chaîne de valeur a affaibli la filière jusqu’au point de décourager les principaux acteurs, en particulier les planteurs. Cette situation a favorisé l’informel », déplore-t-il.
Soutien de l’Acram et de l’ITC
Le président de l’Acram, Enselme Gouthon, accompagné de son secrétaire exécutif, Ismaël Ndjewe Ndomba et Mory Diawara de l’ITC, présents à ce séminaire, a identifié les défis auxquels les acteurs malgaches du café sont confrontés. Enselme Gouthon fait état d’un « bilan très négatif ».
« L’Acram avec ses partenaires comme l’ITC dispose de ressources que nous pouvons mutualiser pour soutenir la relance de la filière. L’expertise en matière de café à Madagascar existe dans la mesure où l’île a été l’un des meilleurs producteurs de café en Afrique. Le potentiel dont le pays dispose justifie l’intérêt pour nous d’accompagner Madagascar qui est aussi à l’origine de la création de l’Acram (Madagascar figure parmi les 11 premiers pays africains ayant fondé l’Acram en 2007 : ndlr) », a-t-il déclaré. Ce séminaire était l’occasion pour l’Acram de remettre à la partie malgache le « Guide du Café ».
Pour dire que le café est une filière prometteuse puisque Madagascar a sa filière biologique à faire valoir. En collaborant avec l’Acram et l’ITC, les promoteurs de la filière café ont déclaré être déterminés à revitaliser le secteur et redynamiser les plateformes de la filière, à l’exemple du Conseil national du cacao (CNC).
Arh.