Avoir les moyens de ses ambitions

Les rideaux sont tombés sur la 9ème édi­tion du salon Inter­national Tourism fair Madagascar (ITM) qui s’est tenu au Centre de Conférences international d’Ivato. Lors de ce salon qui marquait la re­prise des activités touristiques, les res­pon­sables du secteur ont affiché beaucoup d’optimisme, beaucoup trop même, quant à l’avenir du tourisme malgache.
En effet, ces responsables ont mis la barre très haut en misant sur l’arrivée d’un mil­lion de touristes internationaux à l’horizon 2028. La question qui se pose est : Avons-nous tout le nécessaire pour pouvoir faire face à une augmentation sensible d’arrivées internationales ?
Cette question con­cerne tout ce qui tourne autour du secteur, à savoir, les moyens de transport, les infrastructures d’accueil… Pour le moment, la réponse est non. Rien que pour le transport aérien domestique on ne peut que constater l’insuffisance d’appareil.
Aussi, peut-on se de­mander s’il ne faudrait pas également appliquer l’open sky pour le trans­port aérien domestique qui a toujours été l’exclusivité de la compagnie nationale de trans­port aérien. L’arri­vée de nouveaux trans­porteurs permettra de satisfaire toute demande aussi explosive soit-elle.
Il est vrai qu’on ne peut pas compter sur le transport terrestre avec la situation actuelle des routes. Cela n’intéressera que les touristes internationaux en mal d’aventure. Et ils ne sont pas nombreux. Ce n’est pas demain que le ré­seau routier national sera de nouveau réha­bilité en totalité.
Autrement dit, les régions qui ont un grand potentiel touristique mais qui ne possèdent pas un aérodrome seront laissées pour compte. Encore faut-il souligner que tous les aérodromes existants ne sont pas tous fonctionnels pour une raison ou une autre.
Par ailleurs, quelle sera la situation politique pré mais surtout post-électorale ? Nul ne peut le prévoir à l’avance. Mais toujours est-il que le moindre trouble social est immédiatement suivi de nombreuses annulations des ré­servations. On a déjà vécu cela.
Nul n’est besoin de parler du prix prohibitif du billet d’avion pour la destination Madagas­car. Tous ces facteurs constituent des blocages au développement du tourisme international à Mada­gascar. C’est pour cette raison qu’il faut également miser sur le développement du tourisme national.
Toutefois, même en matière de tourisme na­tional, de nombreux problèmes subsistent. Entre autres, les infrastructures existantes sont loin de satisfaire une éventuelle demande croissante du tourisme local. C’est une éventualité qu’il faut envisager.
En effet, à supposer que 10% seulement de la population malgache vont se déplacer pendant les vacances. Ce qui donne plus de 2,5 mil­lions de personnes à transporter, à loger et à nourrir. Par exemple, si 10% seulement de cet effectif vont passer leurs vacances à Toamasina, il n’y aura jamais suffisamment de chambres d’hôtel pour héberger tout le monde.
C’est pourquoi, il faut toujours avoir les moyens de ses ambitions.

Aimé Andrianina

Partager sur: