Nous donnons une meilleure compréhension des termes tournant autour de l’inflation à savoir : stagflation, déflation, désinflation, hyperinflation. Mais préalablement, une définition du terme central inflation sera donnée.
L’inflation désigne une hausse généralisée du niveau des prix. Est aussi un phénomène macroéconomique autoentretenu, générale et continue de la hausse du niveau des prix.
En effet, il faut retenir trois caractéristiques spécifiques de la hausse des prix pour la qualifié:
– Premièrement, étant donné que c’est un phénomène autoentretenu, l’augmentation des prix d’un produit entraine l’augmentation du prix d’autres produits
– Deuxièmement, la hausse devrait toucher l’ensemble des biens et services ; Ce caractère général de la hausse se réfère à une augmentation de prix de panier de biens supposé représentatif dans l’économie
– Dernièrement, une hausse doit être observée sur une période suffisamment longue
Type d’inflation :
Généralement, on peut classifier l’inflation sous quatre catégories selon le niveau du taux d’inflation. En effet :
– Pour un taux d’inflation inférieure à 2%, il s’agit d’une stabilité des prix
– Pour un taux d’inflation compris entre 2 à 5%, l’inflation est dite inflation modérée ou rampante
– Pour un taux supérieur à 10%, l’inflation est qualifiée d’inflation galopante
– Pour un taux supérieur à 50%, l’inflation est qualifiée d’hyperinflation
Les conséquences économiques de l’inflation :
En fait, il s’agit de mettre en évidence les effets immédiats sur les principaux agents économiques, à savoir : les ménages, les entreprises, les institutions financières.
1/ Les conséquences sur les ménages :
La principale fonction des ménages dans la vie économique est la consommation des biens et services. En effet, cette destruction totale ou partielle d’un bien est essentiellement sous contrainte, d’une part, du revenu disponible qu’elles disposent, et d’autre part, du prix du bien. A cet égard, sous l’hypothèse de la rationalité des agents, ils sont contraints d’optimiser leur fonction de consommation dans le but d’acquérir le maximum de satisfaction en minimum de dépense.
Sous l’effet de l’inflation, le niveau général des prix subit une augmentation continue. Sur ce, il importe de souligner que la monnaie connaît une perte de pouvoir d’achat. A cet égard, deux cas peuvent se présenter :
– Le premier consiste à garder le niveau de satisfaction obtenu avant inflation
– Le deuxième renvoie à céder une partie du niveau de satisfaction.
Le choix de garder le niveau de satisfaction oblige le consommateur à chercher un revenu supplémentaire pour conserver la quantité de bien nécessaire pour le même niveau de satisfaction, ce qui est pratiquement impossible pour le consommateur, sous l’hypothèse du revenu permanent. La conséquence la plus logique est la baisse de la consommation des ménages suite à l’augmentation des prix qui s’est traduit par la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie.
Sur le plan macroéconomique, une baisse de la consommation entraîne une baisse de la demande effective. Ce qui a pour effet d’une part un ralentissement de la production et d’autre part, une diminution du niveau de l’emploi.
2/ Les conséquences sur les entreprises :
Les entreprises cherchent à maximiser leurs profits compte tenu des coûts de production. D’une part, la baisse de la consommation des ménages, induite par la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie, conduit les entreprises à diminuer leur niveau de production, selon la logique. D’autre part, il faut rappeler que sous l’inflation, le niveau général des prix augmente. Celui- ci sous-entend une augmentation au niveau des coûts d’exploitation des matières premières destinées à la production des entreprises. A leur tour, ces derniers vont affecter les coûts variables de l’entreprise. A cet effet, les entreprises sont contraintes de réduire leur production. Au niveau national, cela peut être considéré comme une baisse des investissements de la part des entreprises.
3/ Les conséquences sur les institutions financières :
Les institutions financières font la collecte des épargnes des ménages en vue de les transformer en prêt. Par la suite, ces prêts seront destinés à financer les investissements des entreprises. Ainsi, les institutions financières gagnent leurs revenus sur la différence entre les intérêts débiteurs pour les prêts et les intérêts créditeurs pour les emprunts. En présence de l’inflation, les transactions et les échanges nécessitent plus de monnaie. Ainsi, la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie se traduit par une baisse de la valeur nominale des revenus de ces institutions, ce qui pourrait les amener à la faillite.
En résumé, l’inflation est une hausse continue et généralisée du niveau des prix. Elle est causée par trois grands facteurs à savoir : l’inflation par l’offre (théorie classique), l’inflation par la demande (théorie keynésienne) et l’inflation par la monnaie (théorie monétariste).
Elle se mesure à partir de l’Indice des Prix à la Consommation. En outre, les conséquences se résument par une baisse de la performance économique à travers les agents économiques.
Le cas de Madagascar
Depuis plusieurs mois, Madagascar est confronté à une inflation à deux chiffres selon les économistes de l’Institut National de la statistique (INSTAT). L’inflation est qualifiée de galopante et ce taux risque d’augmenter cette année 2023 car depuis le mois de janvier, les prix des denrées alimentaires ne cessent de monter en flèche. Cette situation impacte considérablement les budgets des ménages qui doivent faire face à une augmentation des prix des produits de première nécessité et des services.
Les causes de l’inflation à Madagascar
L’inflation à Madagascar est en grande partie due à des facteurs externes tels que l’impact de la situation géopolitique mondiale sur les produits énergétiques. En effet, Madagascar étant un pays extrêmement dépendant des importations de Pétrole, les augmentations des prix sur les marchés mondiaux ont directement affecté le coût de la vie des ménages malgaches. La guerre entre Russie et Ukraine a entraîné une flambée des prix du pétrole sur le marché mondiaux, ce qui a eu un impact direct sur les prix des produits pétroliers à Madagascar.
Des facteurs internes ont aussi contribué à l’inflation à Madagascar. Parmi ceux-ci, on peut citer la dévaluation de l’Ariary par rapport au USD et EUR. Cette dévaluation a eu un impact direct sur les produits importés, ce qui a entraîné une augmentation des prix sur le marché intérieur.
La pandémie Covid-19 a eu un impact sur l’économie malgache, avec une baisse de production et une augmentation des coûts de production pour de nombreuses entreprises. Cette situation a également contribué à la hausse des prix des produits sur le marché intérieur.
En bref, la faiblesse des investissements dans l’agriculture et l’industrie manufacturière explique également l’inflation à Madagascar. La production nationale de biens et services est insuffisante pour répondre à la demande, ce qui oblige le pays à dépendre des importations pour répondre aux besoins de la population. Cette dépendance accrue aux importations contribue également à la hausse des prix des produits sur le marché intérieur.
Les conséquences de l’inflation à Madagascar
Elle a eu plusieurs conséquences négatives sur la population en particulier sur le coût de la vie des ménages.
Elle a entraîné une augmentation significative des prix des produits alimentaires de base, tels que le riz, les légumes, les fruits et la viande. Les ménages ont dû faire face à des dépenses plus élevées pour se nourrir, ce qui a réduit leur pouvoir d’achat et leur capacité à épargner.
Elle a augmenté les coûts des biens importés tels que les carburants, les médicaments…. Les consommateurs ont payé plus cher pour ces produits, ce qui a eu un impact sur le budget mensuel.
Par ailleurs, elle a également entraîné une augmentation des coûts de production pour les entreprises, notamment en raison de l’augmentation des prix de matières premières et de l’énergie. Cela augmente les prix des produits locaux.
Enfin, elle a eu un impact sur le taux d’intérêt, qui a augmenté pour enrayer sa progression. Cela a eu un impact négatif pour les emprunteurs qui ont dû payer plus cher pour leurs prêts.
Solutions
– Encadrer les prix : fixer les prix plafonds pour certains produits de premières nécessités tels que le riz, sucre, huiles de cuisine…. Cette mesure vise à protéger les ménages les plus vulnérables.
– Encourager la production locale des denrées alimentaires afin de réduire la dépendance aux importations et de limiter la hausse des prix.
– Soutenir les agriculteurs locaux en améliorant la productivité agricole.
– Mesurer la régulation du marché pour éviter les pratiques spéculatives et le monopole.
– Mettre en place une politique monétaire restrictive pour lutter contre l’inflation. Cette politique vise à limiter la circulation de la monnaie et à contrôler l’inflation en augmentant les taux d’intérêts.
Andriatahina Rakotoarisoa
Economiste