Affluence des touristes à Nosy Be: un dynamisme entaché par quelques contraintes

“En mai, juin et juillet, 39.779 touristes internationaux ont débarqué sur l’île de Nosy Be”, se réjouit Géraldo Didien Randrinjafinirina, directeur exécutif de l’Office régional du Tourisme de Nosy Be (ORTNB). Ce taux d’arrivée et ce dynamisme se rapprochent du niveau d’avant la crise sanitaire de 2019.

L’arrivée des touristes s’explique par la desserte aérienne des compagnies comme Neos qui effectue des vols directs entre l’Italie et Nosy Be, le vol charter avec LOT dont la plupart des voyageurs sont des Polonais, sans oublier AirLink qui relie l’Afrique du Sud et l’île de Nosy Be, Ethiopian Airlines, Air Austral et Ewa Air. Les compagnies aériennes ont d’ailleurs augmenté les fréquences hebdomadaires des vols en cette période de vacances.

“Nous sommes en pleine haute saison touristique. Après les périodes de crise sanitaire, les gens veulent se détendre. Et avec la crise en Ukraine, certains voyageurs évitent l’Europe”, poursuit le directeur exécutif de l’ORTNB. En 2022, juste après la réouverture des frontières, l’Office régional du Tourisme de Nosy Be s’est fixé comme objectif d’accueillir 50.000 touristes pour 2023. “Nous sommes très optimistes car, à l’allure où vont les choses, cet objectif sera atteint”, prévoit le directeur exécutif.

Les touristes locaux affluent également à Nosy Be. Les agences qui proposent des voyages organisés et des circuits partant d’Antananarivo se multiplient, ce qui fait que l’Ile aux parfums devient abordable. Ajouté à cela, le festival Sômarôho, qui est devenu un évènement incontournable et un attrait touristique.

Les établissements d’hébergement affichent complet, de quoi rendre le sourire aux opérateurs après le trou béant laissé par le coronavirus. C’est le cas chez Home The Residence. “Nous avons eu un mois de juillet relativement calme mais serons complet pour le mois d’août, période de vacances scolaire. Climatiquement parlant, c’est une belle saison. C’est aussi le début de la saison des baleines et des requins baleines. Traditionnellement, le mois d’août et les fêtes de fin d’année sont deux périodes au cours desquelles nous affichons toujours complet (…) Jusqu’à la fin de l’année, cela s’annonce plutôt pas mal. Mais on souffre quand même de beaucoup d’annulations dues notamment à la cherté des vols et au manque de disponibilité”, regrette Damien Salles, propriétaire de Home The Residence. Cet établissement une des plus grandes résidences hôtelières de Nosy Be. Il est composé par une vingtaine de villas de 2 à 5 chambres et des piscines privées, avec un total d’environ 80 chambres. La résidence se trouve sur la partie Nord-Ouest de l’île, en bord de mer et se positionne sur une offre plutôt haut de gamme et écotouristique. Le marché français/réunionnais représente 70% de leur client, les 30% restants sont des Anglo-saxons et des Italiens.

“En 2022, il y a eu l’effet réouverture et donc de relance du tourisme qui a engagé, en tout cas à notre niveau, un deuxième semestre très chargé. Notamment par rapport aux clients qui ont planifié leur venue de longue date mais qui n’ont pas pu la concrétiser à cause de la crise sanitaire. Depuis le mois de juillet 2022, nous avons quasiment 80% d’occupation puis ressenti une baisse pour 2023 (…). Pour le second semestre 2023, ce sera moins chargé que 2022. Maintenant, c’est un peu délicat à dire parce que depuis la crise sanitaire, il y a beaucoup de réservations de dernière minute. Nous faisons face à un manque de visibilité alors qu’avant, les gens s’y prenaient six mois à l’avance”, fait savoir le propriétaire de Home The Residence. Cet opérateur craint ainsi une “saison demi-teinte”. Lui d’avancer que “Contrairement aux hôtels All Inclusive de Nosy Be, nous n’avons pas de vol charter qui amèneraient des groupes de clients pour une semaine ou deux. On fonctionne essentiellement avec les vols réguliers et c’est très compliqué car le prix du billet a presque doublé selon les saisons”.

Sur place, les contraintes persistent. Depuis quelques semaines, Nosy Be est aussi touché par les délestages impactant les hôtels et restaurants. L’état des routes pose aussi problème même si une partie est en cours de réfection. Pareillement pour la route nationale, notamment la portion Antsohihy-Ambanja.
“Certains sites touristiques comme Nosy Tanikely ou Nosy Iranja commencent à être un peu saturés car accueillent de plus en plus de visiteurs et auraient tout intérêt à s’organiser d’une manière plus professionnelle pour absorber les flux de touristes sans que cela dénature les sites”, analyse Damien Salles. “Il y a aussi la cherté de la vie en générale, les taxis, l’entrée dans les parcs qui a considérablement augmenté mais aussi la nourriture de manière générale, en termes d’approvisionnement, cela reste un peu compliqué. La majorité des hôtels de standing international travaillent avec des vols charter depuis l’Italie ou la Pologne et cela représente une quantité importante de touristes qu’il faut nourrir et gérer au quotidien. C’est évident qu’au niveau approvisionnement dans tout ce qui est alimentaire et ressources humaines pour les employés de l’hôtel, on ressent que cela devient un peu plus difficile”.

Tiana Ramanoelina

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