Le très récent décès d’André Ramaroson a plongé le microcosme industriel de Madagascar dans la consternation, en particulier la communauté industrielle nationale. En effet, il a été l’un des rares pionniers de l’industrie malgache avec la création, en 1967, de la Savonnerie Tropicale qui reste encore aujourd’hui l’un des modèles de la résilience de l’industrie locale qui a toujours été malmenée par la concurrence déloyale des produits importés.
Tout le monde reconnaissait son patriotisme économique. Et à ce titre, il était un farouche défenseur de l’industrie locale en bataillant dur pour la place des produits malgaches sur le marché national, en particulier contre l’invasion sauvage des produits importés qui concurrencent ceux fabriqués sur place. Un bon nombre d’industries nationales a disparu pour cette raison, ne bénéficiant d’aucune « protection » de la part de l’Etat.
Ces produits importés ont pu entrer dans le pays dans des conditions inexplicables car la qualité de certains de ces produits laissait à désirer. Par contre, leur prix défiait toute concurrence. C’est pourquoi il a toujours défendu les intérêts de l’industrie locale sans pour autant rejeter l’inéluctabilité de la mondialisation. C’est un phénomène nécessaire et inévitable, aucun pays ne pouvant plus rester fermé sur lui-même.
Toutefois, une ouverture aux produits importés ne signifie pas accepter n’importe quoi. Beaucoup de ces produits ne répondent pas aux normes internationales mais envahissent quand même le pays. Et les Malgaches sont amenés à les consommer malgré le danger qu’ils présentent. Pour quelles raisons ? Insuffisance de contrôle ? Toujours est-il que l’on soupçonne souvent qu’il y a eu des dessous de table quelque part pour que ces produits soient mis en vente sur les étals.
En tout cas, c’est un modèle à suivre dans la mesure où il a été l’un de ceux qui ont montré que l’industrialisation était possible à Madagascar et en particulier en matière de fabrication de produits d’utilisation courante. Il faut indubitablement que l’on parvienne à fabriquer sur place le plus d’articles de consommation courante. Cela présentera plusieurs avantages. Non seulement on fera des économies de devises en important moins mais aussi, il y aura moins de danger pour la population.
Cela marquera le début de l’émergence d’un véritable tissu industriel national, une industrie nationale qui, pour être forte, doit bénéficier de l’aide, de l’appui et de la protection de l’Etat. Si tel est le cas, la capacité de résilience de l’industrie malgache sera encore plus importante et pourra ainsi résister contre vents et marées.
Aimé Andrianina