Madagascar est un pays à vocation agricole a-t-on l’habitude d’entendre, mais quand on fait le bilan des activités agricoles, on remarquera qu’on ne produit pas suffisamment sur place ce dont la population a besoin. Si le riz figure en tête de liste de ces produits agricoles qui font l’objet d’importation massives en raison de l’insuffisance de la production nationale, le sucre n’en demeure pas moins parmi ceux-ci.
En effet, la production interne en sucre n’arrive pas à satisfaire la demande nationale. On enregistrerait un gap annuel de 120.000 tonnes. Ce qui est considérable ! Forcément, on est obligé d’importer ce produit qui est tout de même un produit de première nécessité. Et la demande nationale ne cesse de grimper. Par ailleurs, on exporte quand même une partie de la production nationale en sucre.
Bien évidemment, ces importations massives de sucre ont des conséquences négatives pour l’économie nationale car elles entrainent une hémorragie de devises. Cela influe également sur la balance commerciale car les importations dépassent largement la quantité exportée. On peut être certain que les exportations de sucre vers l’Europe ne remplissent pas notre quota.
Dans ces conditions, si jamais, on veut développer un jour la production d’autres produits à partir de la canne à sucre, par exemple
l’éthanol pour la production d’énergie domestique, il ne faut plus miser sur la canne à sucre. Déjà, la production ne suffit pas pour produire du sucre. Aussi, faut-il penser à d’autres produits tel que le manioc.
Certes, il est vrai que la canne à sucre pousse mieux dans les régions où la pluviométrie est relativement importante. Mais en fait, la canne à sucre pousse partout
à Madagascar. Partout dans le pays, dans le moindre recoin, on trouve de l’alcool fabriqué localement («toaka gasy»). Et cet alcool artisanal est principalement fabriqué à partir de la canne à sucre.
Ce ne sont pas les superficies cultivables en canne à sucre qui manquent et à ce sujet, l’organisme chargé du développement de la culture de la canne à sucre à savoir le Centre Malgache de la Canne et du Sucre (CMCS) a un rôle important à jouer. Quant au matériel de fabrication du sucre, aujourd’hui, deux seulement sont fonctionnels. Ce qui est largement insuffisant pour satisfaire la demande locale.
En marge de la réhabilitation des unités de production non fonctionnelles, il faudra renforcer l’ensemble du matériel de production dans la mesure où on peut disposer d’usines clé en main car le prix du sucre importé ne cesse d’accuser une hausse sur le marché. Le CMCS prévoit l’autosuffisance en sucre d’ici 2030. Mais en attendant, pour les ménages, la facture de la consommation en sucre aura un goût salé.
Aimé Andrianina