Mercredi des idées en goguette: Un blocage, quelle issue ?

« Aurais-je raison de dire que nous sommes bloqués ? », telle est la question à laquelle la présidente de l’Assem­blée nationale a tenté de répondre, hier, lors de l’ouverture de la session ordinaire du Parlement. Sans y arriver, bien évidemment. Surfant sur la vague de la conjoncture, de plus en plus tendue ces temps-ci, elle a tenté, dans son discours, de ménager à la fois le régime et le collectif tout en se penchant vers le dernier. C’est le cas notamment lorsqu’elle « invite » la communauté internationale à s’impliquer davantage tout en parlant « d’espace de dialogue ». Sur ce point, il est patent de constater qu’à chaque crise, les acteurs politiques se tournent vers cette
« communauté » parfois versatile, en tenant compte du rapport des forces sur le terrain, et souvent intriguant, en s’immisçant jusqu’au moindre détail au ni­veau des affaires internes.
En tout cas, il est aussi étonnant que, de­puis quelque temps, la présidente de l’Assem­blée nationale prend, petit-à-petit, ses distances avec sa famille politique. Militante de première heure de la révolution orange, en 2019, elle est pourtant bien placée pour comprendre le mode opératoire des ténors du collectif des candidats si demain, l’un d’entre eux, revient au pouvoir. Plus encore, elle a acquis une grande partie de ses assises politiques avec les « oranges ». Il faut se rappeler que sa première élection à la tête de l’Assemblée nationale a été sabordée par l’ancien régime HVM. Mais ça c’est une autre histoire.
Quant à la question qu’elle avait posée plus haut, la réponse dépend de la perception d’un camp ou d’un autre. D’un côté, si on parle de la campagne électorale et l’envie de la population d’entendre le programme de chacun des candidats alors le blocage n’y est pas. Depuis la sortie de la date officielle du début de campagne, tout le monde s’attend à ce que les candidats dévoilent leur agenda mais il n’en est rien pour le collectif. Alors il est tout à fait légitime que celui qui veut y aller prend ses marques et participe activement à ce qu’est une campagne électorale. En guise d’exemple, certes loin de la réalité malgache, l’appel au boycott du processus électoral en Côte d’Ivoire en 2020 n’a pas empêché le président sortant d’être réélu. Cette stratégie n’a donc pas fait ses preuves et jusqu’ici, le président élu reste à son poste sans que la communauté dite internationale puisse changer le cours de l’histoire. Mais ça c’est dans un autre pays. Quoique, la situation semble identique.
De l’autre côté, si l’on tient compte des requêtes du collectif, le blocage est effectivement là. Le gouvernement collégial est toujours actif et les membres continuent de vaquer à leur responsabilité et la Haute cour constitutionnelle (HCC) dispose encore de ses légitimés de par sa composition. Il en est de même pour la Commis­sion électorale nationale indépendante (Ceni). Deux semaines après cette marche au quotidien, les institutions chargées des élections demeurent opérationnelles. Mieux encore, ou pire pour certains, le président sortant continue de maintenir sa campagne en dépit des allégations en toute sor­te, loin d’être légitime, par rapport à sa nationalité. Sur ce point, il serait difficile, voire improbable, que le collectif ait gain de cause. Loin s’en faut.

Rakoto

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