Conjoncture : le secteur privé exprime ses inquiétudes

La conjoncture politique inquiète les entreprises et les investisseurs. Le secteur privé rappelle les enjeux économiques d’une éventuelle nouvelle crise politique dans un contexte où tout semble reposer sur le bon sens et la bonne volonté des parties prenantes à l’élection présidentielle.

C’est à travers un communiqué que le Groupement des Femmes Entrepreneurs de Madagascar (GFEM) a tenu a exprimé son inquiétude et appelle dans la foulé à la préservation de la stabilité économique et social du pays.
« La situation actuelle du monde, avec ses incertitudes et ses bouleversements, nous rappelle la nécessité d’une vigilance constante pour prévenir tout risque de crise une fois de plus. Sans compter les impacts des cataclysmes naturels récents qui font partie des durs combats que nous menons tous encore au quotidien. Le GFEM insiste sur le fait que la stabilité de Madagascar est essentielle pour permettre aux femmes entrepreneures de prospérer et de contribuer pleinement à l’économie du pays. Nous exhortons toutes les parties concernées à rechercher l’intérêt supérieur de la nation, de l’entrepreneuriat en général et de l’autonomisation économique des femmes en particulier, pour éviter de nous conduire à un profond abime de pauvreté sans précédent », peut-on lire sur leur missive.

Pour sa part, le Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) appel « à l’apaisement pour éviter une cinquième crise politique aux conséquences socio-économique potentiellement désastreuses ». Dans sa déclaration, le GEM n’a pas manqué de rappeler les quatre crises politiques antérieurs de 1972, 1991, 2002 et 2009. « Les conséquences d’une potentielle cinquième crise entraînera inévitablement une forte dégradation de l’économie. A un moment où l’économie nationale est déjà fragile, le pays ne peut se permettre de s’aventurer dans une nouvelle crise politique », alerte le groupement. Celui-ci ne manque pas de rappeler les répercussions de la pandémie du Covid-19, des catastrophes naturelles et la guerre en Ukraine sur le niveau de vie de la population et la durabilité des entreprises. Le GEM rappelle également qu’une mission d’évaluation de l’United States congressional Degelation est attendue au pays le mois prochain, dans l’objectif d’une reconduction de l’éligibilité de Madagascar à l’AGOA (African Growth and Opportunities Act). « Une non reconduction menacerait des centaines de milliers d’emploi ainsi que nos exportations », poursuit le GEM.

Rivo Rakotondrasanjy, le président du Fivmpama a également émis une missive rappelant que l’économie malagasy ne s’est pas encore remise des crises successives, alors qu’en ce moment le pays fait de nouveau face à une menace d’une éventuelle crise.

Côté investissements, le risque pour Madagascar d’être inclus dans la liste grise du Gafi pourrait avoir des conséquences très désastreuses pour l’économie. Le GEM rappelle que la révision de l’actuelle loi n°2018-043 sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, adoptée en 2019 est impérative pour assurer la conformité aux quarante recommandations du Groupe d’Action Financier (GAFI). Madagascar a adhéré au GAFI, le pays doit ainsi se conformer aux recommandations découlant de cette adhésion pour lutter notamment contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme à Madagascar. Le fait d’être inclus dans cette liste grise donnerait une très mauvaise image pour un pays. Cela reviendrait notamment à dire que les dispositifs pour lutter contre le blanchiment de capitaux sont quasi inexistants et que ceux qui existent déjà en la matière ne sont pas très fiables. En effet, plutôt qu’un pays classé dans la « liste grise », un opérateur préférera investir ailleurs, là où il y a moins de risque que son capital soit mélangé avec de l’argent blanchi ou de l’argent issu de divers trafics ou du commerce illicite.
A noter que deux évaluations ont été effectuées, la première en 2018 et la seconde en 2020. Il est ressorti de cette dernière évaluation que Madagascar n’a respecté que quatre recommandations sur 40. Pour faire avancer le processus, la partie malgache doit formuler les projets ou propositions de loi mais le sujet ne semble pas encore figurer dans l’ordre du jour des débats en cette session parlementaire.

Tiana Ramanoelina

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