Le 6 novembre 1995, le Rovan’Antananarivo rebaptisé désormais Rovan’i Madagasikara, a été incendié. Dans les flammes disparaît une rare collection de peinture sur l’histoire de Madagascar. 28 ans après, l’aquarelliste Raparivo Andriantiana se remémore cette sombre période. Témoignage.
26 juin 1995, le ministre de la Culture Tsilavina Ralaindimby a voulu marquer d’une pierre blanche le 35e anniversaire du retour à l’Indépendance de Madagascar à travers une exposition de peinture chez Madagasc’art Galerie Ambohijatovo, dont l’infrastructure est devenue aujourd’hui un restaurant.
«Il s’agit d’une partie d’une riche collection que l’Etat a acquise lors d’une installation collective au Tahala Rarihasina Analakely dans les années 80. Les œuvres des illustres Andrianaivo Ravelona, François d’Assise Ralaipatsa, André Rakotoson, Richard Razafindrakoto, Roland Raparivo Ramaheninarivo… étaient alors conservées jalousement dans la tour sud-est de Manjakamiadana. A l’occasion de cette exposition à Ambohijatovo, le ministère de tutelle a sélectionné les tableaux sur l’histoire de Madagascar et la lutte pour sa liberté, parmi lesquels, un chef-d’œuvre de mon regretté père, Raparivo R.R intitulé ‘29 mars 1947’. J’ai eu la chance de venir avec lui dans l’enceinte royale pour nettoyer sa peinture. Il faut dire que ce majestueux palais était une véritable caverne d’Ali Baba», se souvient Raparivo Andriantiana, né en 1960, année de l’indépendance de Madagascar.
Colonne de fumée
Après le décrochage de l’exposition, les œuvres ont été réinstallées sur les cimaises de Manjakamiadana en attendant la construction d’un musée pour les abriter. Un ambitieux projet qui ne verra jamais le jour. Cinq mois se sont écoulés, un incendie a ravagé le joyau national dans la soirée du 6 novembre 1995. «D’Antaninarenina, je rentrais à pied à Ambohijatovo Ambony, quand soudain une épaisse colonne de fumée commençait à s’élever de la haute-ville. Je me suis arrêté un instant devant la Pergola, pour imaginer ce qui se passe mais c’est une fois arrivé à la maison qu’on m’a appris la triste nouvelle».
Aujourd’hui, l’artiste peintre se fait le devoir de rétablir l’histoire pour la postérité. «Je mène actuellement un travail de recherche afin de restituer en peinture les scènes de vies, l’environnement, le paysage et l’infrastructure des trois patrimoines historiques qui sont Manjakamiadana, le palais d’Andafiavaratra et la colline royale d’Ambohimanga. Ils feront l’objet d’une importante exposition dans le cadre de mon 45e anniversaire de carrière picturale, l’an prochain», a-t-l conclu.
Joachin Michaël