Dépréciation de l’ariary sur le Mid: « Le marché des changes est sous-tension »

L’ariary a enregistré un certain regain de valeur sur le Marché interbancaire des devises (Mid) depuis le mois de juillet. Puis, cette tendance semble s’inverser ces trois dernières semaines. « Le marché des devises est sous-tension », explique le Pr. Fano Andriamahefazafy, doyen de la Faculté d’Economie, de gestion et de sociologie (EGS) de l’Université d’Antananarivo.

Hier, le dollar américain s’échangeait contre 4.552,69 ariary et l’euro contre 4.896,60 ariary, comme c’était déjà le cas au mois de juillet où le cours de référence de l’euro à atteint 4.973,88 ariary le 17 juillet, son plus haut niveau depuis le 1er janvier.
En règle générale, la dépréciation de l’ariary par rapport à l’ensemble des devises fortes, relève fondamentalement de la balance des paiements de Madagascar, structurellement déficitaire, nécessitant l’achat de devises étrangères pour restaurer l’équilibre.
Economiste et non moins doyen de la Faculté EGS de l’Université d’Antananarivo, le Pr. Fano Andriamahefazafy a souligné que «le marché des changes est sous-tension, notamment à l’approche des fêtes de fin d’année, période durant laquelle les importations augmentent». Soit une variation saisonnière.
En fait, Madagascar importe majoritairement des produits manufacturés qu’elle n’en exporte (habillements, équipements…). Par contre, nos exportations sont constituées d’une part importante de produits de rentes, faisant parties des exportations saisonnières.
«Cette tendance entraîne une demande soutenue en devises», ajoute notre interlocuteur. «En attendant que les recettes d’exportations soient rapatriées, cette tension persiste. En d’autres termes, le virement des recettes d’exportations depuis les pays importateurs, soulage ces tensions». Et avec une dépréciation de la monnaie locale, le pouvoir d’achat de ceux qui ont des revenus fixe, s’effrite.

Régime de change flottant
Madagascar a instauré depuis 1994 un régime de change flexible ou flottant, ayant permis l’instauration du Mid. Et avec le régime de flottement pur, la confrontation de l’offre et de la demande sur le marché des changes, détermine d’une manière quasi-exclusive les taux de change.
Selon les explications techniques fournies par les techniciens de la Banky foiben’i Madagasikara (BFM), cette dernière intervient sur le Mid tout d’abord lorsqu’il y a un déséquilibre pouvant entraîner une dépréciation ou une appréciation trop brusque de l’ariary, qui est fort nuisible pour l’économie. Il s’agit pour la BFM de lisser les fluctuations à très court terme du taux de change, sans toutefois
s’opposer à une tendance à moyen terme, dictée par les fondamentaux macroéconomiques.
Dans sa «Note de conjoncture économique» publiée au début du mois de novembre, la BFM a indiqué qu’«A fin septembre 2023, le stock des réserves officielles de change a été 2.401,6 millions de dollars US, représentant 5,2 mois d’importations (…)».
Aussi, la BFM est prête à agir si besoin, pour reconstituer ou accumuler les réserves de changes comme la capacité de réponse aux futurs besoins de devises et afin de respecter les critères de convergence régionale.

Arh.

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