Madagascar fait face à une pénurie de compétences numériques, comme indiqué dans le Plan stratégique du numérique (PSN) 2023-2028 élaboré par le ministère du Développement numérique, de la poste et des télécommunications (MNDPT). Selon ce plan, le pays enregistre un déficit de 40.000 techniciens, indispensables pour accomplir une véritable transformation numérique sur le territoire.
Selon le PSN, l’un des principaux facteurs contribuant à la pénurie de compétences numériques réside dans l’incapacité des établissements de formation, qu’ils soient privés ou publics, à répondre de manière adéquate aux besoins du pays en matière de compétences numériques. Actuellement, ces établissements produisent seulement 900 diplômés par an, un chiffre jugé insuffisant. Le document du MNDPT souligne également la fuite des cerveaux (10%) comme l’un des principaux facteurs appauvrissant les compétences numériques à Madagascar. La difficulté de recruter des enseignants qualifiés dans des domaines avancés tels que l’Intelligence Artificielle (IA) est également mentionnée.
Cette lacune est particulièrement ressentie au sein de l’administration, souligne le MNDPT, qui met en lumière la difficulté d’attirer et de retenir des individus talentueux, avec un taux de rotation de 70% lors des changements administratifs liés aux alternances politiques. Une situation qui est pourtant paradoxale dans un pays où les secteurs des télécommunications, du BPO (Business process outsourcing) ou l’externalisation des processus d’affaires, et les entreprises de service numérique, sont les plus grands pourvoyeurs d’emplois, soit 15.000, et contribuent à hauteur de 6% du PIB, selon le PSN.
Afin de résoudre ce problème, l’État, par le biais du MNDPT, envisage de créer 137.000 emplois dans le secteur numérique d’ici 2028, dont 50.000 emplois directs d’ici 2024. Un institut de formation numérique sera également établi, offrant un programme de diplômes adaptés aux besoins de l’écosystème numérique, capable d’accueillir 3.000 étudiants par an. De plus, des programmes de formation inclusifs seront mis en place, se voulant “abordables et ouverts à tous” selon le MNDPT, couvrant toutes les disciplines du numérique avec des critères d’admissibilité révisés, des durées de formation raccourcies et des contenus adaptés aux besoins de l’écosystème. En ce qui concerne l’administration, l’État prévoit de collaborer avec l’IFC et la Banque mondiale pour instaurer un dispositif de formation et d’accompagnement à la transformation numérique destiné aux fonctionnaires et aux professionnels. Enfin, le PSN prévoit une intégration de la culture numérique dans l’éducation dès le plus jeune âge afin d’impliquer également les jeunes dans cette démarche.
Le PSN, prévu être mis en œuvre jusqu’en 2028 a été élaboré pour “créer une société connectée mais également une industrie numérique capable de répondre à la fois aux demandes extérieures en forte augmentation et aux nouveaux besoins nationaux”. Il est basé sur quatre axes de développements, dont la refonte du cadre juridique, le secteur de la télécommunication, le développement du capital humain ainsi que le développement d’une inclusion numérique et financière. Dans les deuxièmes axes par exemple, l’Etat prévoit de libéraliser le marché de la télécommunication afin de favoriser une meilleure couverture des réseaux et de réduire les coûts de communication. Le prix moyen de service de téléphonie mobile est estimé à 16,4% du revenu national brut par habitant en 2020. Le prix des 2 Go est de 13,19% du RNB mensuel, soit près de 2,29 fois plus élevé que la moyenne de la zone Afrique subsaharienne.
Le taux d’utilisation d’Internet à Madagascar est actuellement de 25%, avec une couverture 4G relativement faible, atteignant seulement 30% à l’échelle nationale. Dans le cadre du PSN, l’État vise à augmenter cette couverture à 80% au cours des cinq prochaines années, et compte parallèlement introduire la 5G commerciale. Le marché des télécommunications est largement dominé par la téléphonie mobile, représentant plus de 60% des usages avec 15 millions d’abonnés uniques.
Le Plan Stratégique du Numérique (PSN) de Madagascar a établi divers objectifs pour accélérer la transformation numérique du pays. Ces objectifs comprennent l’augmentation de la pénétration de la téléphonie mobile à 80%, l’accroissement de la pénétration de l’internet fixe et mobile à 33%, et l’extension de la couverture 4G à 60%. L’État prévoit d’atteindre ces objectifs d’ici 2028 dans le cadre de ses efforts visant à moderniser et à améliorer l’infrastructure numérique du pays.
Nambinina Jaozara