Rapatriement du crâne de l’Ampanjaka Toera: les démarches avancent lentement mais sûrement

L’Assemblée nationale française a voté, dans la soirée de mardi, la proposition de loi relative à la restitution des restes humains appartenant aux collections publiques, compte tenu du texte de la commission mixte paritaire. Le Sénat devrait adopter définitivement ce 18 décembre, le texte en question qui permettra de relancer les discussions sur le rapatriement du crâne de l’Ampanjaka Toera.

«Ce texte vise à faciliter la restitution à des Etats étrangers de restes humains appartenant aux collections publiques tout en affirmant une dérogation circonscrite au principe d’inaliénabilité des collections publiques. Le Sénat s’est ainsi opposé à la possibilité d’introduire une restitution à des fins mémorielles car la proposition de loi prévoit déjà cette faculté à des fins funéraires», rapporte le Sénat français, à
l’ori­gine de la proposition, tout en soulignant que la loi concerne les restes d’étrangers décédés après 1500.

L’histoire retient que dans la nuit du 29 au 30 août 1897, les troupes coloniales françaises ont envahi Am­biky, dans la partie centre-nord de la région Menabe. A cette occasion, elles ont massacré tous les habitants, sans exception. Le souverain des Sakalava, Toera, Andriami­lafikarivo de son nom d’ancêtre fut, quant à lui, décapité et dont la relique est exposée au­jourd’hui au Muséum d’histoire naturelle de Paris.

Le «Fitampoha» ou bien cérémonie du bain des reliques royales en d’autres termes, est une coutume sacro-sainte du royaume Sakalava-Menabe. Mais l’absence des reliques du roi Toera ternit cette tradition plusieurs fois séculaires.

L’identification des spécialistes malgache se fait attendre

A l’orée de 2020, le gouvernement malgache a promis de rapatrier les reliques du roi Toera et du prince Ratsimamanga. En septem­bre 2021, le ministère de la Communication et de la culture a évoqué des démarches d’Etat à Etat lors d’une rencontre avec la diplomatie française. La restitution du crâne de ce personnage historique, constitue d’ailleurs l’un des vœux les plus chers de la population Sakalava lors du «Fitampoha Menabe 2022».

Depuis, les parties malgache et française se sont convenues de mettre en place «une commission mixte franco-malagasy afin d’étab­lir les documentations scientifiques et historiques relatives au Kabeso de l’Ampan­jaka Toera et des crânes de deux autres guerriers Saka­lava. La partie française a déjà procédé à la désignation de ses représentants dans cette commission mixte à travers une lettre de la mi­nistre de la Culture au mois d’août 2023» a expliqué le ministère malgache de la Communication et de la culture dans un communiqué publié, hier. Cette décision a été prise face à la lourdeur de la procédure législative afférente à la restitution de ces crânes.

Cependant, pour la partie malgache, «le ministère de la Communication et de la culture attend la désignation de représentants d’autres départements ministériels concernés afin d’identifier les spécialistes appelés à siéger au sein de ladite commission», a souligné le mê­me communiqué. Encore faut-il souligner que la promulgation de cette loi française, ainsi que la promptitude malgache seront des «étapes majeures dans l’objectif commun des deux parties de restituer le Kabeso de l’Am­panjaka Toera et des crânes de ses deux chefs de guerre, qui pourra aboutir très rapidement après l’étape législative, la plus longue».

Joachin Michaël

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