La priorité des priorités

Bien trop souvent, on reproche aux paysans malgaches de ne pas travailler suffisamment et que, généralement, ils s’efforcent juste de produire ce dont ils ont besoin. C’est une vision très simpliste de la vie en milieu rural et ignorant totalement les vraies conditions d’existence de ces paysans.
Mais comment travailler dans de telles conditions ?
Tout d’abord, il im­porte de savoir que glo­balement, les terres dont disposent ces paysans sont en majorité limitées. Bien trop souvent, elles ne suffisent pas pour faire vivre une famille. Or, éten­dre la surface exploitée est quasiment impos­sible, les terres avoisinantes étant déjà occupées.
Il n’y a donc pas d’a­ménagement possible de nouvelles terres. Il est difficile pour un paysan isolé d’aménager de nou­velles surfaces conséquentes. D’importants investissements sont re­quis. Ce qui n’est à la portée des paysans malgaches. L’Etat doit y pour­voir.
Par ailleurs, si les paysans produisent plus qu’ils ne peuvent con­sommer, le surplus de la production commercialisable n’est pas rentable s’ils le vendent. Ce sont les collecteurs qui s’enrichissent à leur place. C’est une réalité et il faudra mettre en place une nouvelle organisation en matière de collecte.
Mais le vrai problème des paysans malgaches est l’insécurité permanente qui règne en milieu rural. Dans ces conditions, pour quelles raisons vont-ils produire plus qu’ils n’ont besoin quand, à tout moment, ils risquent de tout perdre, même la vie ? Finale­ment, ils arrivent par baisser les bras.
L’insécurité est un sujet intarissable à Ma­da­gascar que ce soit en milieu rural ou en milieu urbain. Et en cette pé­riode de veille de fêtes, cette insécurité atteint un niveau presque invivable. Elle se manifeste sous différentes formes et ses conséquences sont véritablement effroyab­les.
Et c’est tout à fait normal que la population se demande pourquoi les forces de l’ordre semblent être impuissantes face à cette poussée de l’insécurité dans le pays. Bien évidemment, ces forces de l’ordre font ce qu’ils peuvent. En té­moignent les multiples affrontements entre ces dernières et les malfaiteurs.
Mais toujours est-il que l’insécurité est toujours palpable n’importe où. Serait un problème d’effectif ? Pourtant, le recrutement de nouveaux éléments des forces de l’ordre se poursuit toujours. On peut donc croire que ce n’est pas là le problème.
Serait-ce un problème de capacité ? On peut également croire que là n’est pas le problème car quand les forces de l’ordre interviennent, les ré­sul­tats obtenus sont appréciables. La véritable ex­plication est qu’il existe des personnes malintentionnées qui veulent en­tretenir cette situation d’insécurité permanente.
Cette situation profite à certains, notamment à ceux que l’on qualifie de dahalo à col blanc. Et c’est à juste titre que l’on peut parler de l’existence d’un crime organisé. Pour toutes ces raisons, la lutte contre l’insécurité doit constituer la priorité des priorités.

Aimé Andrianina

Partager sur: