La charrette tirée par deux zébus reste jusqu’ici un moyen de locomotion le plus utilisé en milieu rural. Selon Hery Rakoto, un des fabricants d’Imerintsiatosika, elle coûte au moins 6 millions d’ariary actuellement. Interview.
-Les Nouvelles : Comment êtes-vous devenu un fabricant de charrettes ?
*Hery Rakoto : C’est un métier transmis de père en fils ou plutôt de grand-père en petit-fils. Après avoir abandonné mes études en classe de quatrième en 2007, j’ai commencé comme apprenti auprès de mon grand-père et de mon père. Ce n’était qu’en 2009 que j’ai réussi à construire ma propre charrette en trois mois. Depuis, je travaille pour mon propre compte. Comme c’est ma première charrette, je me souviens que je l’ai vendue 125.000 ariary et jusqu’ici, j’ai au moins construit et réparé plusieurs centaines de ce moyen de locomotion.
-En parlant de prix, combien coûte une charrette actuellement ?
*Dans les 6 millions d’ariary. Comme une paire de zébus dignes de tirer une charrette coûtent au moins 4 millions ariary, il faut compter au moins dans les 10 millions d’ariary pour s’acheter une nouvelle charrette. Pourtant en 2010, on peut en acquérir à partir de 400.000 ariary, le prix des zébus inclus.
-Pourquoi cette hausse ?
*A cause de la hausse du prix du «Varondro», le bois utilisé dans la construction des charrettes. Son prix a au moins triplé. Sans oublier les accessoires comme les peintures et le fer pour le cerclage des roues. Par exemple, un madrier de «Varondro» coûte 70.000 ariary auparavant contre au moins 250.000 ariary actuellement. A cause de cette situation, je suis encore obligé de réduire au maximum la marge bénéficiaire pour ne pas faire fuir les clients, car la concurrence est rude à Imerintsiatosika. En effet, après la région du Vakinankaratra, Imerintsiatosika est le deuxième fabricant de charrettes dans tout Madagascar.
-Et la charrette pneumatique ?
*C’est presque le même prix si l’on utilise des pneus d’occasion. Par contre, il faut compter près de 300.000 ariary de plus pour des pneus neufs. Ce prix varie selon la dimension des pneus.
-Avec les nouvelles technologies, ce métier ne risque-t-il pas de disparaître ?
*Bien sûr que non. Avec une camionnette qui coûte actuellement au bas mot près de 50 millions d’ariary, la charrette tirée par les zébus restera encore pour longtemps la voiture tout-terrain des ruraux
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Propos recueillis par Sera R.