Le calme avant la tempête ? Le tant attendu nouveau gouvernement sera confronté à de nombreux défis… notamment l’inflation et l’énergie, ainsi que par rapport aux projets présidentiels annoncés.
La future équipe exécutive aura du pain sur la planche. A commencer par l’Ariary. La monnaie nationale ne cesse de perdre de sa valeur face aux principales monnaies d’échange, en l’occurrence comme l’Euro. Sur le marché interbancaire des devises, 1 Euro s’échangeait le 27 décembre à 4.988,69, frôlant la barre des 5.000 ariary. L’effet immédiat de cette dégringolade est l’inflation qui tourne autour des 12% cette année. Si cela continue, les prix des denrées alimentaires, déjà hors de portée de la plupart des malagasy, sont voués à augmenter de manière exponentielle en 2024.
“Madagascar est sur le marché interbancaire des devises. On a donc affaire à ce qu’on appelle un taux flottant, c’est-à-dire que les monnaies fluctuent en fonction de l’offre et de la demande sur le marché monétaire. De ce fait, la valeur de l’Ariary peut changer à chaque seconde, à chaque minute. Il faut savoir que le facteur déterminant de la valeur de l’ariary est la réserve de devises que possède la Banque Centrale. Cela exclut les aides budgétaires qui peuvent amortir la production économique” explique un économiste.
“(…) Si l’on veut que l’Ariary reprenne de la valeur, il faudrait surtout un coup de pouce aux productions locales qui peuvent apporter des devises auprès de la Banque Centrale. Des efforts doivent être déployés pour que les produits fabriqués ou transformés à Madagascar soient davantage présents sur le marché international. Les devises rapatriées au niveau de la Banque centrale vont faire en sorte que l’Ariary retrouve des couleurs”, poursuit-il.
Il faut savoir que les aides aux investissements et productions peuvent stabiliser l’Ariary mais temporairement. En effet, si l’on injecte des fonds dans les investissements, il faudra attendre le cycle de production et c’est à partir des exportations que les devises pourront alimenter la Banque centrale.
En décembre 2019, avant la crise sanitaire, la monnaie nationale se portait relativement bien car l’Euro s’échangeait notamment à 3.947 Ariary à la date du 23 décembre 2019, et à 4.020 Ariary le 26 décembre 2019. Presque deux ans plus tard, la donne a considérablement changé : le 04 janvier 2021, un Euro valait 4.690,21 Ariary et un dollar 3.830,04 Ariary. Au mois de septembre 2021, un Euro valait 4.522 Ariary, puis la monnaie nationale a repris un peu de souffle en décembre 2021 durant laquelle un euro s’échangeait 4.437 Ariary (22/12/2021). Le taux stagne de nouveau car en date du 09 février 2022, un euro équivalait à 4.522,76 Ariary. Le gouvernement ambitionne de constituer 4 tonnes d’or par an. “C’est-à-dire que dans 10 ans, on pourra compter une réserve de 40 tonnes d’or”, explique le chef de l’Etat en marge de la célébration du 50ème anniversaire de la Banque centrale de Madagascar.
Le problème lié à la fourniture d’énergie sera aussi aux centres des discussions en 2024. En 2023, le secteur privé a alerté à mainte reprise le gouvernement sur le démarrage effectif des grands projets Sahofika et Volobe. D’après le secteur privé et les spécialistes, ces deux aménagements se présentent comme la solution idéale et devraient notamment permettre de passer à plus de 90% de part d’énergie renouvelable hydroélectrique au niveau national et de ne plus endetter l’Etat et la Jirama. En attendant leur opérationnalisation, même en période de fête, les coupures d’électricité et parfois d’eau s’enchaînent, surtout dans la capitale.
Et il y a enfin les projets présidentiels. “On nous a promis plusieurs infrastructures dont le projet de la nouvelle ville qui sera la vitrine de l’océan Indien. Outre les flyover destinés à fluidifier la circulation, l’Etat envisage aussi de lancer le train urbain à Antananarivo et Tanamasoandro. Sans oublier le téléphérique, et les routes (…) Comment tout cela pourra-t-il fonctionner sans énergie ?”, s’interroge un expert.
Tiana Ramanoelina