Du pain sur la planche

Les litiges fonciers constituent une grande partie des affaires qui passent devant les tribunaux à Madagascar. C’est un fait bien connu de tous. Géné­ralement, ces litiges fonciers résultent des discordes familiales au sujet de la succession portant sur le partage des terres dans le cadre d’un héritage. Le pléthore d’héritiers en est la principale cause car on ne sait plus qui en sont les propriétaires légitimes.
Il faut savoir que ces litiges fonciers ne peuvent pas être séparés du fait que, globalement, la législation sur la propriété foncière n’est pas bien maîtrisée et assimilée par la population. D’autant plus que l’éducation et les informations s’y rapportant sont plutôt rares. Pourtant, c’est un sujet qui devrait faire l’objet d’une vaste campagne d’information dans la mesure où la terre est tout de même le premier et principal moyen de production de la très grande partie de la population.
Et cette insuffisance de connaissance en ma­tière de législation de la propriété foncière favorise les litiges fonciers. Cette méconnaissance facilite également les spoliations foncières. Ces derniers temps, on a assisté à la dénonciation de nombreuses spoliations. Celles-ci sont montées par de véritables réseaux qui ne reculent devant rien pour réaliser leurs forfaits. Bien évidemment, ces forfaits ne pourraient jamais réussir sans la complicité d’agents de l’administration foncière.
Ces derniers cèdent dans la corruption du fait que la somme d’argent en jeu atteint parfois des montants très importants. Ces spoliations foncières portent parfois sur des milliards d’ariary. Ce qui explique en quelque sorte pourquoi elles ont tendance à se développer. Et n’importe quelle région du pays est touchée par le phénomène. Les bénéficiaires de ces spoliations peuvent être des particuliers ou des entreprises.
La raison est que les investissements immobiliers sont des placements sûrs. Tout le monde veut investir dans l’immobilier. Plus le temps passe, plus il prend de la va­leur. Comme le bon vin, il se bonifie avec le temps. Et la demande sur l’immobilier est très importante. Cet engouement sur l’immobilier s’explique en partie par l’effritement progressif de la valeur de la monnaie nationale comparée aux devises étrangères.
Ainsi, au lieu de placer leur argent dans les banques, le choix des détenteurs de liquidités va se porter sur l’immobilier. Le risque de perte de valeur, dans le temps, y est tout au moins limité. Ainsi, dans un avenir proche, les transactions portant sur l’immobilier vont enregistrer une certaine embellie. Seule­ment, cela signifie également que les spoliations foncières vont aussi connaître la même tendance. Les tribunaux vont avoir du pain sur la planche.

Aimé Andrianina

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