Filière riz: une menace bactérienne pour la production rizicole

La « bactériose vasculaire du riz (BLB) » est présente à Madagascar. Cette maladie causée par le
« Xanthomonas oryzae pv. oryzae (Xoo) » pourrait détruire jusqu’à 70% de la production rizicole.

Au cours d’une mission d’échantillonnage en décembre 2019 dans le Vakinankaratra, les chercheurs du Centre national de la recherche appliquée au développement rural (Fofi­fa) et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), ont identifié la BLB. Jusqu’ici, cette maladie dé­vastatrice pour les cultures de riz, bien connue en Afrique de l’Ouest et en Asie, n’a jamais été détectée à Madagascar. Elle touche aussi bien le riz irrigué que le riz pluvial.
Le rendez-vous mensuel «Rencontre avec un chercheur», organisé par l’IRD à l’Institut français de Mada­gascar (IFM) à Analakely, samedi, a abordé le thème «La bactériose vasculaire du riz : une nouvelle menace pour la riziculture à Mada­gascar». A cette occasion, le Dr Herinjaka Raveloson, chercheur en phytopathologie au Fofifa Antsirabe, a fait le point sur cette bactérie, ses symptômes se manifestent dès le semis ou au moment de la floraison du riz. Dans les deux cas, la BLB migre vers la nervure centrale de l’épi de riz.
Au fur et à mesure que la maladie se développe, les feuilles brûlent et cela compromet le développement des grains de riz. Ce chercheur parle d’une «destruction jusqu’à 70% de la production rizicole», alors que le «rendement moyen des riziculteurs malgaches tourne autour de 3 tonnes à l’hectare».
A titre d’exemple, un riziculteur dans le Vakinan­karatra a été obligé de re­planter toutes les surfaces de ses rizières puisque la BLB a été détectée sur les plantu les de riz, juste avant le repiquage.
«Jusqu’à ce jour, nous avons identifié la BLB dans les régions Analamanga, Vakinankaratra, Menabe, Alaotra Mangoro. Des échan­tillons nous ont également été envoyés des ré­gions Diana et Anôsy», a indiqué le chercheur du Fofifa qui annonçait également une descente à Maro­voay.

Choisir des semences saines
D’après Mathilde Hutin, chargée de recherche à l’IRD, «cette maladie est présente dans l’Afrique de l’Ouest depuis les années 1980 et jusque-là, je n’ai jamais vu une incidence aussi importante de la maladie». Elle a souligné que «ses collègues en Tanzanie rapportent le même type de symptômes avec la même gravité : nous sommes sur une épidémie récente».
«A ma connaissance, il n’y a pas de traitement chimique assez efficace, du moins jusqu’à l’heure actuelle, pour éviter la propagation de cette maladie et nos recherches n’ont pas encore trouvé de variétés de riz résistant à cette maladie», a confié le chercheur de l’IRD.
«Mais nous poursuivons actuellement les recherches, car pour nous, chercheurs, développer et générer une variété résistante va prendre plusieurs années, trois ans au minimum», a indiqué le Dr Herinjaka Raveloson.
Les chercheurs du Fofifa et de l’IRD essayent de déterminer le mode de propagation de cette bactérie. Ils supposent que les semences et les mauvaises herbes sont les premiers facteurs de contagion, au même titre que l’eau. «Au cas où la BLB toucherait le riz, nous proposons aux riziculteurs de ne plus utiliser les semences contaminées de la saison précédente et changer de semences. Il faut aussi enlever les mauvaises herbes et nettoyer le champ dans son ensemble», a expliqué notre interlocuteur.

Néanmoins, il faut savoir que les maladies bactériennes touchant les plantes n’ont pas de conséquences néfastes sur l’être humain.

Arh.

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