Fara Rabeson, coach-formateur en entrepreneuriat: “Entreprendre n’est pas un long fleuve tranquille”

L’univers de l’entrepreneuriat rime avec défis et opportunités au quotidien. Fara Rabeson fait partie de ces guides qui peuvent orienter vers le succès. Entretien.

Depuis quelques années, l’entrepreneuriat est devenu une tendance et un synonyme de réussite notamment auprès des jeunes. D’après vous, qu’est-ce qui explique cet engouement ?

Cela est dû au taux de chômage élevé. L’entrepreneuriat se présente comme une alternative et un idéal pour se constituer une source de revenus. On a tendance à l’oublier, mais entreprendre veut dire trouver une solution en répondant à un besoin et les gens oublient vite la réalité du marché. Entre temps, un business s’est développé avec ceux qui s’autoproclament coaches ou spécialistes en accompagnement d’entreprise, alors qu’un minimum de qualification est requis pour cela.

Etre formé est une chose. D’autres paramètres comme l’accès à toutes les législations, les autorisations, les questions fiscales doivent être prises en compte quand on veut entreprendre. Il faut une prise de conscience de la situation économique à Madagascar. Au fil des années, on constate la diminution du pouvoir d’achat des Malagasy et il devient difficile de commercialiser un produit ou un service. C’est à l’entrepreneur de s’adapter aux clients et non le contraire.

Qu’est-ce qui manque à l’environnement économique à Madagascar ?

J’estime que l’appui au secteur privé doit être renforcé : il faut faciliter et booster la production locale et éviter de tout importer. Acheter le “vita malagasy” est une nécessité même si cela n’est pas facile à cause du pouvoir d’achat.

Ce qui se passe actuellement à Madagascar, c’est qu’une minorité d’entreprises travaillent avec une autre minorité et il est très difficile pour les nouveaux arrivants pénétrer le marché et d’intégrer ce cercle très fermé. Le soutient et la facilitatiin de la part de l’Etat pour accéder au marché s’avère insuffisant, que ce soit en termes de fiscalité ou d’infrastructures. Les entrepreneurs essayent tant bien que mal d’entrer dans le cercle, d’autres réussissent et certains finissent par abandonner. Il reste beaucoup d’effort à déployer et l’accompagnement ne fait pas de miracle !

Dans le cadre de vos activités de coaching, quels sont les secteurs d’activités les plus prisés ? Quel genre de public fait appel à vos services ?

Les domaines sont variés mais ceux qui reviennent le plus sont l’agro-alimentaire, l’économie bleue et l’économie verte. Une partie de ceux qui sollicitent un accompagnement sont des personnes en reconversion professionnelle. L’entrepreneuriat n’est pas fait pour tout le monde et justement, ma première tâche est d’aider la personne à se découvrir. Il faut aussi qu’elle pose des questions si la nouvelle voie qu’elle veut emprunter lui convient, car entreprendre n’est pas un long fleuve tranquille.

Vient près l’accompagnement sur le modèle d’affaire pour aider la personne à structurer le projet, à chercher les clients et à concevoir les stratégies commerciales. Mon accompagnement est plutôt orienté sur le marché. La plus prisé par les bénéficiaires est la partie commercialisation mais n’oublions pas les autres tâches en amont, avant de commercialiser.

Combien de temps peut durer un coaching ?

Cela dépend de la volonté de tout un chacun. Cela peut prendre trois mois jusqu’à un an. Le coaching que je propose est plutôt dans l’action. La personne coachée expose une problématique, j’apporte les solutions concrètes à appliquer et à réajuster si besoin.

Comment avez-vous atterri dans de monde de l’entrepreneuriat ?

Après un échec à l’Université d’Antananarivo, j’ai étudié le commerce international à l’Iscam. Par la suite, j’ai exercé plusieurs métiers en rapport avec le commercial. J’ai travaillé en tant qu’agent front office auprès d’une banque primaire. Ensuite, j’ai donné ma démission pour me lancer dans l’entrepreneuriat en essayant de créer mes entreprises. Plus tard, je me suis mise au bénévolat pour partager mon parcours. Je me suis vite rendue compte que les « failure story » intéressent les gens. J’ai donc décidé de reprendre les cours en entrepreneuriat et accompagnement, principalement en ligne auprès d’une université canadienne.

Aujourd’hui, je suis à la tête de l’association In Charge qui accompagne les TPE (très petites entreprises), les startups et les chercheurs d’emplois pour faire évoluer leur société à travers tout le pays et qui se veut un lien entre l’entrepreneuriat et la création d’emplois. Et enfin je suis manager de FreeSell, qui propose des formations-accompagnement et de la représentation commerciale.

En quoi consiste une représentation commerciale ?

C’est un service proposé aux entreprises qui ont des difficultés à vendre leurs produits, il revient donc à l’équipe de Freesell d’étudier le marché puis de vendre les produits. Nous constatons que certains produits ne sont pas adaptés au marché. Dans ce cas-là, on doit les accompagner pour réajuster le tir et surtout leur demander de communiquer, mais pour cela, il faut des fonds.

Tiana Ramanoelina

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