Faniry Soa Rakotonanahary: quand le marché de fruits et légumes suit le rythme du changement

Passionnée par les fruits et légumes et habituée à parcourir les provinces pour s’approvisionner, Faniry Soa Rakotonanahary a eu l’idée de lancer son entreprise en créant un nouveau concept de vente de légumes dans la capitale. Le business s’est agrandi au cours des années et devient l’un des plus gros réseaux de fourniture de fruits et légumes de la capitale. C’est l’histoire du “Jardin de Faniry”.

Faniry Soa Rakotonanahary est à l’origine de “Le Jardin de Faniry”, une entreprise novatrice de vente de fruits et légumes qu’elle a lancée en 2020. Son concept repose sur la vente en gros de produits maraîchers, organisée sous forme de paniers pour simplifier la tâche de certains types de clients. Le fonctionnement est simple : des assortiments de légumes sont proposés dans des paniers, contenant par exemple cinq variétés de salades mélangées, un kilo de carottes, un kilo d’oignons, un kilo de tomates, un kilo de concombres, cinq betteraves, dix radis rouges, cinq poivrons, trois avocats, six citrons, une botte de persil, une botte de coriandre et une botte de ciboulette, le tout pour un prix fixe de 30.000 ariary. D’autres paniers sont constitués de divers légumes comme la citrouille, les choux, les haricots verts et les choux-fleurs, avec des quantités adaptées. Cette initiative a rapidement séduit certains types de clients fatigués de l’agitation des marchés traditionnels. Les paniers sont livrés à domicile, et pour attirer davantage de clients, des noms évocateurs ont été attribués aux produits, allant des “sobika” de salades et crudités aux “sobika” de ratatouille et de soupe, donnant ainsi un avant-goût des plats qui peuvent être préparés avec ces produits frais.

L’historique du Jardin de Faniry commence en 2020, en plein confinement, alors que de nombreux produits ne pouvaient être acheminés jusque dans la capitale à cause de l’interdiction de circuler au niveau de plusieurs routes nationales, la jeune femme a trouvé un moyen de les collecter sur place et de les vendre pour qu’ils ne se détériorent pas. “A la base, je suis collectionneur de fruits et légumes. J’ai l’habitude de me déplacer dans les provinces pour acheter les produits dont j’ai besoin. En 2020, le marché était en difficulté à cause des restrictions sanitaires”, explique-t-elle. “C’est comme ça que j’ai l’idée de lancer le Jardin de Faniry”.

Faniry Soa Rakotonanahary achète ses légumes à Namontana, l’un des plus gros marchés de la capitale. Elle prend son téléphone et commence à envoyer quelques photos de paniers. Pendant cette période, l’entreprise ne disposait pas encore d’un service de livraison dédié. Ainsi, à la réception d’une commande, Faniry Soa Rakotonanahary assurait personnellement la livraison de la marchandise en se déplaçant seule. “Je proposais mes paniers sur ma page Facebook, et je les livrais moi-même. Au fur et à mesure, les clients ont commencé à augmenter et le business est devenu une petite entreprise familiale. Mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs, mes cousins et cousines, oncles et tantes sont venus m’aider. Nous sommes plus d’une trentaine de personnes à travailler dans cette entreprise. Et nous sommes tous de la même famille”, précise-t-elle.

En 2023, “Le Jardin de Faniry” élargit son offre en proposant une gamme diversifiée de quinze paniers de légumes sur sa boutique en ligne. Ciblant principalement les CSP+, des individus souvent pressés et peu enclins à se déplacer, l’entreprise attire également l’attention de cantines de société et d’associations. En plus de servir ses clients individuels, Faniry Soa Rakotonanahary répond désormais aux besoins des grossistes en légumes établis dans la capitale. Pour répondre à la demande croissante, elle a ouvert une nouvelle boutique et a étendu sa capacité de stockage en agrandissant sa liste d’entrepôts. A ce jour, elle en exploite trois à Tanà, Mahajanga et Toamasina. Pour garantir un approvisionnement constant en produits maraîchers frais, l’entrepreneure collabore avec de nombreux agriculteurs locaux. “Nous nous efforçons de soutenir les agriculteurs en multipliant les points de collecte et en faisant tourner autant que possible nos achats, dans le but de bénéficier au plus grand nombre de cultivateurs possibleé”, explique-t-elle. La jeune femme de 27 ans a également pu se procurer plusieurs véhicules pour la livraison de la marchandise dans toute la capitale.

Bien que son parcours n’ait pas été sans difficultés, la persévérance et le soutien de sa famille ont été des atouts précieux pour surmonter les obstacles rencontrés. En cette saison pluvieuse, l’entrepreneur reconnaît les défis rencontrés dans le transport des légumes vers la capitale. “La dégradation des routes due à la pluie entraîne une hausse des prix des fruits et légumes. Les problèmes de conservation contribuent également à cette augmentation”, explique-t-elle. Malgré ces obstacles, elle souligne l’importance de la persévérance. “Il y aura toujours des difficultés, mais c’est essentiel de persévérer. Il est surtout crucial d’aimer ce que l’on fait, sinon on ne peut réussir. Commencer petit, sans attendre d’avoir tous les moyens, est également un conseil précieux”, conclut-elle.

Nambinina Jaozara

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