Conformément à la déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), aux conventions internationales et à la Constitution malgache, l’emploi est un droit fondamental pour chaque individu ayant atteint l’âge légal de travailler sans discrimination de sexe, d’apparence, de religion, d’opinion, d’origine, de parenté, de fortune, de conviction politique ou d’appartenance à une organisation syndicale. L’emploi constitue un axe à travers lequel la population contribue à la création de richesse nationale. Par conséquent, le Ministère de la Fonction publique, du travail et des lois Sociales (MFPTLS) en collaboration avec ses différents partenaires, ont élaboré le document cadre de la politique nationale de l’emploi, élément essentiel dans la croissance économique, la réduction de la pauvreté, et l’amélioration des conditions de vie de la population à Madagascar. En effet, suite à un long processus, le parlement l’a adoptée par la loi n°004/2005 du 10 mai 2005 portant PNE.
Cette politique nationale de l’emploi poursuit, d’abord, des objectifs généraux, en particulier de renforcer le partenariat entre l’État, les investisseurs et les travailleurs en matière de promotion du travail et de la formation professionnelle. A noter que cette aspiration coïncide avec l’objectif du développement humain rapide et durable, de procurer à tous les acteurs, notamment les décideurs et les parties prenantes, des dispositifs appropriés à sa réalisation et aussi de donner les grandes lignes d’orientation pour une meilleure intégration du volet emploi ainsi que de servir le cheminement d’intégration de Madagascar dans le concert des communautés régionales et internationales sur le sujet.
Des objectifs spécifiques découlent de ces objectifs généraux. Il faut mettre en place un environnement propice aux investissements et à la croissance et un cadre réglementaire sécurisant pour toutes les parties prenantes. En fait, il s’agit d’instaurer un environnement macro-économique favorable à l’investissement productif et à la création d’entreprises performantes, d’instaurer un climat de sécurité des personnes, des affaires et des biens afin de mettre en confiance les opérateurs économiques. Il est, aussi, primordial d’appuyer le secteur privé, acteur principal de la réduction du chômage, en adoptant des mesures incitatives à la création d’emplois. Plus précisément, de soutenir les entreprises déjà existantes par des mesures incitatives et/ou des mesures d’accompagnement, particulièrement d’accorder des financements pour favoriser les créations de postes.
Il est urgent d’instaurer un système d’éducation et de formation professionnelle adapté et performant, en vue de favoriser l’insertion professionnelle de la population active après avoir reçu cette formation. En d’autres termes, il s’agit d’adapter l’offre de formation aux réalités du milieu pour être en adéquation avec le contexte local et les débouchés. Autre priorité, la nécessité de soutenir les activités génératrices de travail, d’auto-emploi ainsi que les micros, petits et moyennes entreprises par l’accès au crédit, aux marchés structurés et aux services d’appui technique. Personne ne doit être laissé pour compte. Ainsi, l’accès des groupes sensibles (jeunes, femmes,…) au marché de l’emploi sera atteint en favorisant l’accès de crédit en faveur des femmes et en tenant compte de la politique nationale de la jeunesse pour combattre le chômage, la pauvreté et la vulnérabilité. Enfin, des règles du marché du travail en faveur de la compétitivité et protectrices des droits des travailleurs doivent s’inscrire dans le dispositif.
Les conditions de réussite de la politique nationale de l’emploi
Pour atteindre ces ambitions, diverses conditions devront être respectées comme la mise en place d’un système de financement de cette politique, puisque cette politique engendre des coûts. Donc implique des mécanismes de suivi et d’évaluation afin d’en mesurer l’évolution et l’impact. La pratique d’une veille sur les textes législatifs et réglementaires, compte tenu de l’évolution du marché de travail face à la mondialisation complète ce dispositif.
La mise en œuvre de cette politique nécessite une implication forte de l’Etat et des parties prenantes. Les Pouvoirs Publices joue un rôle de facilitateur dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi à Madagascar : il doit assumer ses responsabilités dans l’application de la loi, l’harmonisation de la législation de la législation nationale de travail avec les conventions internationales et les politiques nationales et l’intégration du concept d’emploi décent comme objectif d’action. Ensuite, l’Etat doit se porter garant des mesures d’accompagnement de l’évolution du marché de travail, mettre en œuvre des mesures pour faire évoluer les systèmes de rémunération et des méthodes pour l’évaluation objective des postes sur la base des travaux qu’ils comportent.
La puissance publique se doit, aussi, de prendre en compte la réduction des écarts entre hommes et femmes en matière d’accès aux emplois, de qualité de travail et de rémunération. Cela passe par la mise en place des politiques spécifiques telles que : la prise en compte de l’aspect genre, l’identification des mesures sur les disparités observées en matière de revenus et des mesures pour accroître la présence des femmes dans la formation professionnelle. Pour le traitement des groupes vulnérables, l’Etat facilite l’accès des groupes sensibles au marché de l’emploi. Des programmes existent en faveur de ces groupes sensibles et d’un cadre favorable à une éducation permanente et intégrée face à la rupture de la scolarisation des filles-mères.
La principale partie prenante dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi est l’Organisation internationale du travail ou OIT, puisqu’elle possède une grande expertise pour combattre la discrimination et dispose d’expertise dans ses services consultatifs. Dans le cadre de la politique nationale du travail à Madagascar, l’OIT a apporté une assistance technique pour l’élaboration des politiques de l’emploi et des méthodes d’évaluation des postes. Ensuite, elle a mis en place des points focaux pour confronter les expériences et les pratiques. En outre, elle a produit des données sur les coûts et avantages des mesures destinées à favoriser l’égalité salariale sur la base d’une étude de l’évolution et des causes des inégalités de rémunération fondées sur le sexe.
En dehors de l’OIT, les organisations nationales des travailleurs et d’employeurs sont aussi impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi à Madagascar. Dans un premier temps, les syndicats représentatifs des salariés ont présenté les intérêts d’une main-d’œuvre de plus en plus nombreuse et d’une composition cosmopolite. Dans un second temps, les organisations d’employeurs avaient mis en œuvre, d’une part, la notion de responsabilité sociale des entreprises afin de respecter les normes de travail et de progresser sur les principes de non-discrimination et d’égalité des chances, la politique de gestion et développement de ressources humaines par le biais de l’évaluation méthodique des postes, la vérification de qualification des candidats, et l’évaluation de la formation dispensée.
RAKOTOARISOA Andriatahina