Une vaste opération menée conjointement par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) et le Pôle anti-corruption (Pac) a permis de démanteler un réseau impliqué dans l’exploitation illégale de concombres de mer, une espèce menacée d’extinction.
Au total, 26 individus, parmi lesquels d’anciens hauts fonctionnaires et des ressortissants chinois, ont été inculpés pour abus de pouvoir, corruption, faux et usage de faux. Ils ont été placés en détention préventive à la prison d’Antanimora, dans l’attente de leur procès.
Selon les enquêteurs, ce réseau opérait de manière bien rodée, associant des acteurs publics et privés, nationaux et étrangers. Des permis de collecte et des agréments sanitaires ont été illégalement délivrés en 2020 à plusieurs sociétés chinoises par la Direction générale de la Pêche et de l’aquaculture, ainsi que par l’Autorité sanitaire halieutique. Ces autorisations violaient ouvertement le code de la pêche malgache et la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), laquelle classe certaines espèces de concombres de mer dans son annexe II.
La pêche aux concombres de mer étant officiellement suspendue dans le Nord de Madagascar, les activités illégales se sont déplacées vers les îles voisines, orchestrées par des ressortissants chinois agissant comme intermédiaires. Le 10 février 2024, des garde-côtes seychellois ont intercepté des boutres transportant des pêcheurs dans leurs eaux territoriales. Suite à une convention entre les deux pays, les autorités judiciaires seychelloises s’en sont alors remises à celles de Madagascar. Le tribunal d’Antsiranana a pris le relais par la suite et depuis, les autorités judicaires ont arrêté164 pêcheurs et 5 acheteurs chinois.
Cette affaire est la suite donnée à une doléance dénonçant des activités de pêche portant sur des produits halieutiques particulièrement menacés d’extinction tels que les concombres de mer. Le réseau a été démantelé grâce à l’intransigeance du Bianco et du Pac.
A noter que depuis le 28 août 2020, certaines espèces de concombres de mer sont classées dans l’annexe II de la Cites. Pour pouvoir exporter une espèce inscrite dans cette annexe, un permis d’exportation est obligatoire, délivré selon un quota fixé par la Cites après une évaluation scientifique. A Madagascar, cette évaluation incombe à l’Organe de gestion, un département dépendant du ministère chargé des Eaux et forêts qui est l’unique interlocuteur des opérateurs dans ce secteur et assure la liaison avec le secrétariat de la Cites et les autres ministères concernés.
Felana Michelle