Dégradation des routes: un fléau pour le transport des personnes et des marchandises

La résilience des infrastructures routières est rudement mise à l’épreuve. Les intempéries et le manque d’entretien ont considérablement endommagé, depuis quelques années, le réseau routier national.

Le passage du cyclone Gamane a fortement impacté la partie nord qui s’est retrouvée pendant quelques jours coupée du reste de la Grande île. Le conseil des ministres de la semaine a d’ailleurs constaté l’ampleur des dégâts et déclaré l’état de sinistre national. “Selon le dernier bilan publié par le BNGRC (mercredi soir, ndlr), le nombre de sinistrés est 89.465. De nombreuses infrastructures publiques ont été endommagées, telles que des routes, des ponts, des écoles…”, a-t-on constaté.

Les routes nationales RN5 et RN6 ont particulièrement souffert et des solutions d’urgence ont dû être adoptées afin de rétablir la circulation, notamment au niveau des ponts Mahavavy, Ifasy, Manankolana, Tenanimadiro et Manambery. Il s’agit en l’occurrence de travaux de remblayage d’accès, de mise en place de bac, ou encore d’aménagement de passage à gué. L’équipe gouvernementale a notamment signalé que la circulation entre Ambilobe – Antsiranana et Vohemar – Sambava est d’ores et déjà rétablie.

Mais le fait est que la dégradation des routes n’est pas un phénomène isolé. Et le cas de la RN2 est symptomatique.

“L’heure est grave. Cette route nationale ne respecte plus les normes internationales qui s’imposent. Aucun poids lourd qui transporte un conteneur ne devrait l’emprunter au vu de son état actuel car le risque d’accident est bien réel. Il faut savoir également que ces camions sont électroniques et ont été conçus pour rouler sur les autoroutes, si on peut le dire ainsi”, estime un responsable commercial travaillant au sein d’un grand opérateur pétrolier qui emprunte donc fréquemment cet axe pour le transport de carburant.

Le ministère en charge des travaux publics avait annoncé à un moment donné que les travaux sur la RN2 débuteraient à partir du 15 février 2023. A cette époque, le ministère avait dû relancer un appel d‘offres étant donné qu’aucune entreprise n’avait répondu à la précédente. Puis en juillet, le conseil des ministres avait décidé d’enclencher une procédure d’urgence pour la réhabilitation de plusieurs tronçons de la RN2, notamment les PK 11+000 au PK 78+100, la route de la ville de Moramanga, du PK 218+000 au PK 250+000 entre Antsampanana et Brickaville les PK 78+000 et PK 110+000, passant par Andasibe.

La RN2 est pourtant considérée comme le poumon de l’économie de Madagascar car elle relie Antananarivo à Toamasina, considéré comme la capitale économique du pays étant donné qu’elle abrite le plus grand port de Madagascar. En 2023 déjà, les transporteurs avaient déjà revendiqué la réfection, au moins, des points noirs sur la RN2. Le délabrement de cette route, et des autres routes nationales de la Grande île d’ailleurs, a déjà été dénoncé à maintes reprises par les opérateurs et notamment ceux du tourisme. En effet, l’état des routes desservant les destinations qui pourraient accueillir les touristes constitue aussi un facteur qui n’incite pas au voyage et qui ne rend pas Madagascar compétitif par rapport aux autres pays voisins.

Quid du financement de l’entretien des routes ? “Les fonds d’entretiens routiers sont dédiés uniquement aux travaux d’entretien routier et ne devraient en aucun être utilisés pour d’autres motifs que ce soit. Il y a les entretiens courants qui se font du 1 janvier au 31 décembre et des entretiens périodiques si besoin. Le traitement de point noirs ne fait pas partie des entretiens routiers et n’a pas vocation à être financé par le fonds d’entretiens routiers”, indique un ancien ministre des travaux publics.

Tiana Ramanoelina

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