148 tentatives de trafic d’animaux et plantes ont été déjouées à travers le pays cette année. Ce chiffre sorti par le ministre de l’Environnement et du développement durable (Medd), Max Andonirina Fontaine, samedi lors d’une conférence de presse à Antsahavola, démontre à la fois l’ampleur de ce fléau et les efforts entrepris par les responsables à tous les niveaux pour l’endiguer.
La tolérance zéro à l’encontre des braconniers et trafiquants, est toujours de mise. Les responsables malgaches ont arrêté, cette année, 207 suspects et saisi 319 tortues ainsi que six lémuriens, selon le ministre. Cette politique ne vise pas uniquement les petites mains ni les Malgaches, mais tous ceux qui participent à ces activités illicites.
Le ministre a notamment fait référence au touriste français arrêté à Toliara le 19 mars et ayant comparu devant le parquet 18 avril. Encore faut-il rappeler que le concerné a écopé d’une peine de deux ans de prison ferme, assortie de 100 millions d’ariary d’amende et de 200 millions d’ariary de dommages et intérêts.
Mais l’une des plus grosses prises était sans doute celle à Tsarasaotra, où l’équipe de la compagnie de gendarmerie Tana ville a réussi à mettre la main sur deux valises contenant 147 bébés tortues. C’était le fruit de la collaboration de la population, une personne de bonne volonté ayant alerté les forces de l’ordre sur l’existence de la tentative de trafic sur les lieux.
Aux gros maux…
Le N°1 du Medd et le Directeur général (DG) des douanes Zafivanona Ernest Lainkana ont donné la conférence de presse de samedi pour réagir à la récente affaire de trafic international de nos tortues et lémuriens, déjouée par la police thaïlandaise. Le ministre a reconnu les lacunes en matière de surveillance de nos frontières, à cause du manque des moyens vu la superficie de la Grande île.
D’après le DG des douanes, des cas sont apparus dès le mois de novembre de l’an passé, relatifs à la suspicion de l’existence d’un trafic à l’international. Les douanes et les autorités étatiques malgaches, ont collaboré avec un groupe d’enquête international, composé notamment d’autorités thaïlandaises, hongkongaises et australiennes, pour démanteler ce réseau.
«D’après les enquêtes menées depuis l’apparition de ces premiers cas, il y avait une forte chance que les trafiquants n’ont pas emprunté les ports et aéroports pour faire sortir ces animaux, mais dans des zones non occupées», a expliqué Zafivanona Ernest Lainkana.
… Les grands remèdes
Malgré tous, les douanes ont mené sans cesse les enquêtes pour savoir les personnes derrière ledit trafic. Ainsi jusqu’ici, quatre personnes ont été placées en garde à vue à Madagascar, à part les six personnes arrêtées en Thaïlande. D’autres sont déjà identifiées et recherchées actuellement.
«Des preuves existent quant aux agissements de ces suspects, notamment des photos démontrant leurs communications avec les autres membres du réseau qui se trouvent à l’étranger», a précisé le DG des douanes. Une façon pour lui de répondre au communiqué conjoint de Transparency international initiative Madagascar, Alliance Voahary gasy, WWF et Traffic, en date de vendredi, appelant les autorités «à mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires pour endiguer ce fléau pour nos richesses naturelles, à mener l’enquête pour aboutir à l’arrestation des personnes impliquées, à Madagascar ou en Asie».
A noter que le Medd mène des lobbyings pour augmenter les ressources humaines et matérielles à sa disposition, afin de lutter efficacement contre ce fléau. A ce titre, il utilise d’ores et déjà des drones en termes de surveillance continue, mais il faut augmenter leur effectif. Cependant, les agents forestiers risquent leur vie, en démontre l’un d’eux, blessé au couteau, mardi à Ambatoharanana Mananara Avaratra, dans l’exercice de ses fonctions.
Et en parlant de lobbying, l’Etat malgache a déjà discuté avec les autorités thaïlandaises à propos du rapatriement à Madagascar des 1076 tortues et 48 lémuriens. La Thaïlande étant membre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), elle a accédé à cette demande de la partie malgache, a indiqué le ministre.
Quoi qu’il en soit, les deux personnalités ont réitéré leur appel à la collaboration de tous pour mettre un terme à l’exploitation illégale et le trafic de nos ressources naturelles. Le numéro vert 955 est disponible à tout signalement lié ces genres d’infraction. Et le ministre a conclu en promettant l’éradication de ce réseau.
Lova R.