Lâcher du lest

Ce qui passe au­jourd’hui à Taolagnaro entre la QMM et la population locale est l’illustration parfaite des problèmes fondamentaux auxquels doivent toujours s’attendre les industries d’extraction minière partout où elles s’installent. Beaucoup de choses expliquent ces con­flits perpétuels entre les deux parties.

Dans la nature des choses, la population locale veut profiter au maximum de la présence et de la proxi­mité de toute unité industrielle qui s’installe dans la région. Et d’un autre côté, l’unité industrielle cherche, au­tant que faire se peut, à limiter les dé­penses qui n’ont pas un lien direct avec l’exploitation.

Avec l’installation d’une industrie d’extraction à proximité, il est indéniable que la population locale bénéficie de nombreux avantages telles que l’électricité, l’eau… De plus, bien souvent l’unité in­dustrielle contribue à la construction d’écoles, d’hôpitaux … Mais il est regrettable que la population locale en veut toujours plus.

Et si certaines de ces exigences sont tout à fait légitimes (compensation des pertes d’emploi pour les pêcheurs et les agriculteurs pour cause de destruction de leur site d’exploitation), d’autres sont toutefois totalement non fondées. Dans les revendications, il y a des limites à ne pas dé­passer pour ne pas perdre tous ces avantages.

Du côté de l’unité d’extraction, quelles que soient les embuches, elle devra toujours trouver une solution pour que les travaux puissent continuer. Il est diffici­le d’arrêter, même mo­mentanément, l’exploitation pour une raison ou une autre (sécurité des travailleurs, problème de circulation…), à cause des pertes journalières que cela entraine.

Mais il est encore bien plus difficile de décider d’arrêter définitivement l’exploitation. Des sommes colossales ont déjà été investies. Et le retour sur investissements ne se réalise qu’au bout de dizaines d’années d’exploitation. Et il ne faut pas trop espérer sur l’appui de l’Etat dans la résolution de ce type de problème.

Généralement, dans ce genre de situation, dans le but de ménager à la fois le chou et la chèvre, l’Etat n’intervient pas car il est pris entre le marteau et l’enclume. Il ne veut pas se mettre sur le dos la population locale. Par ailleurs, il ne peut pas se permettre de s’embrouiller avec son fournisseur de redevances.

Pour toutes ces raisons, il cherche toujours à faire la sourde oreille et laisser les choses s’arranger d’elles-mêmes,
le temps que les deux protagonistes trouvent eux-mêmes une solution d’entente.

Aimé Andrianina

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