Les autorités malgaches poursuivent le démantèlement du réseau de trafic international d’espèces protégées et endémiques de Madagascar, mis à nu dernièrement par la police thaïlandaise. Au total, 18 personnes ont été identifiées, dont les six arrêtées en Thaïlande parmi lesquelles les deux chefs de réseau, ainsi que le chef du réseau à Madagascar, un ressortissant birman. Trois autres suspects courent toujours, et font actuellement l’objet d’un avis de recherche.
Jusque-là, neuf suspects ont été arrêtés à Madagascar, dont l’un a été capturé hier matin à Mahajanga. Il sera ramené à Antananarivo pour les besoins de l’enquête. Trois autres ne sont pas encore appréhendés, mais ils sont déjà connus et recherchés activement.
Les 18 personnes étant poursuivies pour infraction douanière, infraction environnementale et corruption, le défèrement d’hier au niveau du Pôle anti-corruption (Pac) aux 67 Ha, concernait le dossier relatif à la corruption. Quoi qu’il en soit,
le Directeur général des Douanes, Zafivanona Ernest Lainkana, a assisté à cette séance, en marge de laquelle il a expliqué aux journalistes l’étendue de ce réseau et le chemin parcouru par ces 48 lémuriens et 1.069 tortues depuis leur capture à Madagascar jusqu’à leur interception en Thaïlande.
Aucun responsable étatique impliqué
Selon les explications du DG des Douanes, «c’est un crime transnational qui implique plusieurs pays et personnes d’origines différentes, notamment thaïlandaise, birmane et malgache. Nous communiquons avec les enquêteurs indonésiens et partageons les éléments avec eux». Ainsi il a été indiqué qu’un canot partant de l’île Makandy à Mahajanga, une île un peu loin de Katsepy, s’est rendu près de Morombe où ont été embarqués les animaux, avant de rejoindre la baie de Salary au Sud
de Madagascar. «Les trafiquants ont fait l’échange en haute mer», a poursuivi le DG des Douanes.
A ce niveau, aucun responsable étatique n’est impliqué dans cette affaire. Cependant, «La poursuite de l’enquête au niveau des parcs où ont été capturés ces animaux, déterminera l’existence ou non d’agents de l’Etat parmi les membres de ce réseau», a-t-il précisé. En fait, «les braconniers locaux n’obtiennent ‘‘que’’ 400-500 millions d’ariary, contre la valeur marchande de ces animaux estimée à plus de 3 millions de dollars, soit près de 14 milliards d’ariary».
Travail de longue haleine
Même si le ministère de l’Environnement et du développement durable est le principal responsable du rapatriement de ces animaux, il travaille de concert avec les Douanes et le Pac, ainsi que les parties prenantes dans les investigations en Thaïlande tout au long des procédures. En attendant, «toutes les personnes impliquées dans cette affaire considérée comme un crime et donc jugée par la cour criminelle, seront certainement placées sous mandat de dépôt jusqu’à leur procès», a pour sa part indiqué Elysée Rasoahanta, chef du ministère public près la juridiction de second degré du Pac.
Pour rappel, le commandant de la Division thaïlandaise de répression des crimes liés aux ressources naturelles et à l’environnement, a tenu une conférence de presse, le 1er mai avec des représentants du US Fish and Wildlife Service, pour annoncer l’arrestation par la police thaïlandaise de six individus impliqués dans cette affaire de trafic d’espèces protégées et menacées d’extinction. Selon lui, cette opération enclenchée depuis des mois voire des années, a abouti à la saisie de 11 cages renfermant 48 lémuriens et 119 caisses contenant 1.069 tortues étoilées (Astrochelys radiata) en provenance de Madagascar.
Lova R.