Inclusion: Accès difficile à l’emploi pour les femmes en situation de handicap

36% des femmes membres de l’Association des femmes handicapées de Madagascar (AFHAM) vivent de l’artisanat en 2018. Ce chiffre est révélateur de la situation sociale de ces femmes en situation de handicap à Madagascar dans le milieu professionnel. D’après l’AFHAM, elles subissent des stigmatisations et des discriminations, rendant leur choix de métier difficile.

Elles sont près de 600 femmes, parmi lesquelles des mères célibataires, mariées ou divorcées, membres de l’AFHAM, qui doivent gérer leur quotidien avec leur handicap. Depuis leur enfance, ce handicap les suit, les empêchant soit d’être scolarisées, soit de trouver du travail à l’âge adulte. La plupart d’entre elles ont dû renoncer à leurs rêves de devenir cadres d’entreprise, journalistes ou enseignantes à cause de ce handicap. Ces femmes se sont regroupées au sein de l’association pour faire entendre leur voix, se solidariser dans un même combat, et apporter un changement tangible et positif dans le cadre juridique relatif aux droits des personnes handicapées.

Selon une étude menée par l’AFHAM en 2018, 36,9% des 293 femmes en situation de handicap membre de cette association, travaillent dans le secteur artisanal ou exercent des activités manuelles, telles que la couture, la cordonnerie, le tissage et la broderie. Par ailleurs, 30,7% tiennent de petits commerces comme des épiceries ou des gargotes, et 21,5% exercent divers métiers difficiles à catégoriser, tels que machinistes, journalistes, animatrices radio ou marionnettistes. De plus, 5,5% de ces femmes travaillent dans l’enseignement, tous niveaux confondus, et 3,8% sont employées dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage. “Seulement 1,7% de l’échantillon travaille dans le secteur public, confirmant le manque d’application des textes recommandant l’embauche de personnes en situation de handicap par l’Administration”, souligne l’AFHAM.
Selon l’association, ces données ne sont pas le fruit du hasard. Il est observé que les femmes en situation de handicap, tout comme leurs homologues valides, ne travaillent pas toujours dans des domaines correspondant à leurs études. Par exemple, une femme résidant à Mandritsara, ayant étudié la gestion, est devenue animatrice radio. De même, une autre femme résidant à Morondava, spécialisée en broderie, travaille comme cuisinière. Cette disparité entre emploi et formation est souvent influencée d’une part par les impératifs de survie qui poussent les demandeurs d’emploi à accepter le premier poste disponible, même s’il ne correspond pas à leurs aspirations personnelles, à leurs ambitions et à leurs qualifications, et d’autre part par le manque d’orientation professionnelle. Ces obstacles entravent le plein épanouissement professionnel, particulièrement pour les personnes en situation de handicap, encore largement marginalisées par la société et confrontées à moins d’opportunités que les personnes valides. Les données montrent également que l’intégration professionnelle des personnes en situation de handicap est souvent facilitée par le biais d’un centre de formation.

En ce qui concerne le niveau d’instruction des membres de l’AFHAM, il apparaît que 19% n’ont jamais fréquenté l’école, 20% ont suivi l’enseignement primaire ou se sont arrêtés au CEPE, 35,6% ont fréquenté le premier cycle du secondaire ou se sont arrêtés au BEPC, 18,2% ont suivi le second cycle du secondaire, et 6,9% ont fréquenté l’université, obtenu un diplôme universitaire ou suivi un établissement d’enseignement supérieur. Les villes d’Antsiranana, de Maevatanana, ainsi que la région du Vakinankaratra présentent les niveaux d’instruction les plus bas. En revanche, les villes d’Ambositra et d’Antsohihy se distinguent par un haut niveau d’intégration scolaire des PESH, car tous les membres de l’AFHAM qui y résident ont au moins fréquenté l’école primaire.

La plupart des femmes handicapées membres de l’AFHAM qui travaillant dans le secteur informel sont auto-employées, en dehors de l’appui d’organismes comme l’AFHAM, elles n’ont bénéficié d’aucune aide publique dans leur démarche de création d’emploi, souligne l’étude. « En un mot, la situation professionnelle des membres de l’AFHAM reste préoccupante même si leur volonté de subvenir à leurs besoins par leurs propres moyens est admirable », précise l’étude. Elle souligne également le fait que certaines de ces femmes arrivent quand même à accéder à des postes de haut cadre, même si la proportion est très faible.

Nambinina Jaozara

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